Coupe budgétaire, augmentation des taxes, licenciement de fonctionnaires, l’état ne lésine pas sur les moyens pour grappiller quelques sous ici et là, après tout les temps sont durs pour tout le monde.
Un procédé légitime en ces temps de crise mais que quelques dépenses pharaoniques contredisent.
On se souvient de la polémique suscitée par l’ancien premier ministre Manuel Valls en juin 2015, lorsque celui-ci avait spécialement affrété un avion pour aller voir un match du Barça en Allemagne. Mais comme nous le savons à chaque nouveau gouvernement, sa polémique.
Cette fois-ci c’est au tour de l’actuel Premier ministre Edouard Philippe de faire grincer les dents. Dans le cadre d’une visite en Nouvelle-Calédonie au début de mois de décembre, le premier ministre est arrivé en vol commercial comme à l’accoutumée dans ce type de voyage protocolaire.
Pour le retour, il est reparti accompagné de sa délégation dans un A340 de l’armée de l’air, le même que celui utilisé par une partie de la délégation à l’aller. Mais suite à une escale technique à Tokyo, la petite délégation composée d’une soixantaine de personnes a changé d’avion. Matignon a loué pour l’occasion un avion privé, un A340 mais version grand «luxe» pour la bagatelle de 350.000 euros à la société Aero Vision.
L’avion s’est posé le lendemain à Orly à 7h30 soit deux heures de moins que l’autre avion qui est arrivé quasiment vide à 9h30.
Autant dire que cette petite dépense n’est pas passée inaperçue, effectivement 6.000 euros par personne pour disposer d’un avion avec une centaine de sièges de type première classe, ce n’est pas donné à tout le monde.
Evidemment les questions fusent, pourquoi affréter un deuxième avion pour gagner deux petites heures ?
Matignon a expliqué à l’AFP que le premier avion était « assez ancien » et « dépourvu de sièges business » et qu’il ne servait pas « en temps normal à transporter ni des autorités militaires ni des membres du gouvernement en long courrier et de nuit ».
L’avion de l’armée de l’air qui a fait Nouméa-Tokyo n’est habituellement pas utilisé pour transporter le Premier ministre, c’est « exceptionnellement » qu’il a été dépêché dans le but de « faire des économies » se justifie Matignon.
Matignon a aussi son explication pour les deux heures gagnées. Edouard Philippe devait atterrir en métropole avant qu’Emmanuel Macron ne décolle pour l’Algérie.
Outre le conseil de défense qui était prévu à 8h du matin, le protocole veut qu’en l’absence du président de la République, le premier ministre se trouve sur le territoire.
De plus ajoute Matignon, cette dépense reste bien en-deçà de la somme utilisée lors du déplacement primo-ministériel de Manuel Valls pour la Nouvelle-Calédonie en 2016.
Des explications qui n’ont pas vraiment convaincu, les langues vont bon train et les piques fusent de toutes parts.
Florian Philippot a pour sa part assimilé ce montant à « près de 300 SMIC » sur Twitter.