Entre sa politique pro-israélienne depuis l’arrivée au pouvoir du général al-Sissi et son envie de recouvrer un semblant de puritanisme qui lui fait défaut, l’Egypte est piégée entre le marteau et l’enclume.
Pendant que les opposants au pouvoir sont jetés en prison par les chiens de garde du régime, les artistes sont dans le collimateur de la justice.
Il y a d’abord eu cette affaire qui a défrayé la chronique après l’apparition d’une chanteuse égyptienne dans un clip qui a suscité la controverse en décembre 2017. Dans son clip «Bos Oumek» (regarde ta mère), la jeune femme a ponctué les paroles de sa chanson de gestes suggestifs qui ont choqué les égyptiens. Le parquet a ordonné sa détention pour quatre jours pour « incitation à la débauche ».
Aujourd’hui c’est au tour d’une autre chanteuse de faire parler d’elle mais dans une tout autre histoire.
Sherine Abdel Wahab, une chanteuse pop à succès égyptienne a été condamnée mardi à six mois de prison, non pas pour avoir osé quelques gestes obscènes, mais pour avoir dénigré l’eau du Nil.
Elle est accusée par le tribunal du Caire d’avoir « diffusé de fausses informations » et « troublé l’ordre public ».
L’histoire a débuté il y a plusieurs mois lors d’un concert aux Emirats arabes. Un fan a demandé à la chanteuse de lui fredonner l’un de ses succès « Avez-vous bu l’eau du Nil ? ».
Au lieu de cela Sherine Abdel Wahab s’est permis une petite plaisanterie à ce sujet en lançant :
Tu attraperais la bilharziose
Faisant référence à une maladie provoquée par des vers parasites présents dans l’eau douce, avant d’ajouter
Bois de l’Evian, c’est mieux !
Cela a suffi pour provoquer le courroux des autorités égyptiennes très sensibles à la qualité de leur eau, surtout depuis la construction d’un grand barrage par l’Ethiopie.
Malgré les plates excuses de la chanteuse, le syndicat des musiciens a menacé de l’empêcher de se produire en Egypte, ce qui fût le cas durant une période de 40 jours.
Trouvant cette peine trop légère, les autorités égyptiennes ont requis une peine de prison suspensive le temps de l’appel.
L’ex membre du jury de la version arabe du célèbre télé-crochet The Voice ne semble toutefois pas très affectée par cette décision, puisqu’elle est apparue souriante dans les rue d’Alexandrie.