L’histoire de Tarik Sahibeddine rapportée par le Parisien est digne d’un film d’action hollywoodien. De retour à Paris après ses vacances en couple, l’ancien boxeur de 46 ans double champion de France welter, était sur le vol Munich-Paris lorsqu’un jeune homme menace de détourner l’avion.
«Il voulait terroriser»
Le premier incident se déroule à deux mètres de moi, au moment où l’hôtesse passe avec le chariot. J’entends qu’ils discutent, mais c’était agressif. Le chef de cabine rejoint sa collègue et dit à l’homme qu’ils ne lui serviront pas d’autre verre d’alcool.
Le passager refuse de s’asseoir, s’emporte et le chef de cabine décide de prévenir le commandant de l’incident. Sauf que le jeune rejoint le chef de cabine devant le cockpit. Le jeune est menaçant et mime des coups de tête. Tarik explique : « Là, je dis à ma femme : il y a un problème. »
Je vais aux toilettes pour écouter leur conversation et là, j’ai la confirmation qu’il est agressif et menaçant. Je sors et demande en anglais au chef de cabine s’il souhaite que je reste avec lui. Il me répond : oui. Je vois qu’il tremble et qu’il est tétanisé.
Tarik Sahibeddine tente de raisonner l’individu, un jeune d’une vingtaine d’années sans succès. Ce dernier souhaite voir le commandant, sans donner plus d’explication, et profère des insultes.
Lors de cet accroc, j’ai tiré le rideau pour que les passagers ne voient pas ce qu’il se passe et pour éviter la panique
Le chef de cabine intervient alors :
Après avoir parlé avec le commandant, le chef de cabine me demande de venir à l’arrière de l’appareil. Il me dit : On va attendre l’ordre du commandant, on va le menotter, la police est au courant. Ils vont le récupérer là-bas.
Deux hôtesses et deux passagers sont appelés en renfort et décident ensemble de maîtriser l’individu
Là, il commet une erreur. Il comprend que quelque chose ne va pas et s’assied au premier rang, côté hublot. » L’homme tient alors des propos aussi incohérents qu’inquiétants. « Il dit : J’ai mes amis à Munich. Le commandant va faire demi-tour, il va aller les chercher. Je veux qu’on les récupère»
L’homme s’agite encore, menace de forcer la porte de la cabine et de prendre les commandes de l’avion :
Il se lève pour aller en direction de la cabine, sort du rang, juste devant moi. Sans attendre l’ordre du commandant, je le projette au sol, je me jette sur lui pour l’immobiliser.
Les deux autres passagers le rejoignent et l’aident à le menotter avec des liens en plastique. Après l’atterrissage, l’homme est remis à la police. Sahibeddine, remercié maintes fois par l’équipage, prend la pose dans le cockpit avec son épouse avant d’être auditionné par la police.
Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, sauf à un moment. Nous étions devant la cabine, rideau tiré. Il me dit alors qu’il n’a peur de rien. Qu’il peut actionner la poignée rouge de la porte sans problème. Et là je me dis : s’il ouvre la porte, on est aspiré en deux secondes. Je ne voulais pas lui montrer que j’avais peur. Il avait compris qu’il avait le dessus sur l’hôtesse, le chef de cabine. Il était dans sa toute-puissance.
Tarik raconte l’état des passagers :
Le personnel de Lufthansa a réussi à calmer les passagers. Mais ils ont été dépassés par l’événement. Le chef de cabine s’est retrouvé seul avec le passager violent, les hôtesses s’étant réfugiées en queue d’appareil.
L’ancien sportif, aujourd’hui éducateur à Bordeaux au contact de jeunes psychotiques, a vu dans ce drame l’acte d’un « déséquilibré », à la fois « lucide » et « incohérent ».
Il changeait d’humeur. Il rigolait puis devenait agressif. Je ne vais pas parler de terroriste, mais il cherchait à terroriser, à impressionner. Il regardait les passagers méchamment, insultait. Mais quand il m’a regardé, il s’est tu, comme un enfant.
Nous saluons cet acte héroïque de la part de Tarik Sahibeddine, un vrai exemple de bravoure et de sang froid ma sha Allah !