Alors que plus de 150 services d’urgence sont paralysés par la grève, l’élu PCF, Alain Bruneel a tenu à se rendre personnellement sur place constater leurs conditions de travail.
Plutôt que d’ameuter les médias comme certains, le député communiste a opté pour la discrétion. Il s’est donc rendu incognito dans un centre hospitalier en prétendant avoir des maux de ventre.
Selon lui, il s’agissait de « suivre le parcours d’un patient lambda ».
Un parcours qui vaut le détour. Après six heures d’attente et une nuit passée sur un brancard aux urgences de Douai (Nord), le député n’était pas encore au bout de ses peines.
Six heures d’attente et encore, j’ai eu de la chance : après une nuit passée incognito, sur un brancard aux urgences de Douai (Nord).
Une situation «dramatique» dénoncée lundi par Alain Bruneel qui a appelé la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn à tenter l’expérience, évidemment «sans caméra ni collaborateur
». À 21h30, lorsque je suis arrivé devant l’une des deux infirmières régulatrices, chargées de juger de l’état de gravité des patients et de les orienter, plus de 200 personnes, dont 59 enfants, étaient déjà passées dans la journée, A-t-il déploré avant d’ajouter : On a pris ma tension, ma température, j’ai passé un électrocardiogramme » puis « on m’a indiqué qu’il y avait 3h20 d’attente – hors urgences vitales — avant d’être ausculté par un médecin […] J’ai finalement attendu six heures. Conscient que le personnel donne le meilleur de lui-même, Alain Bruneel est tout de même choqué par le chaos qui règne dans les services d’urgence. Le personnel fait tout ce qu’il peut, avec ce qu’il a […] mais la situation est dramatique : les brancards s’entassent, dans les couloirs puis en file indienne avant d’arriver devant les trois box réservés aux consultations. Totalement dépassé par la charge de travail, le personnel est dans l’incapacité d’apporter une aide dans l’urgence. Faute de temps et de moyens, les urgentistes mettent plusieurs heures à recevoir les patients qui s’entassent dans la salle d’attente où il fait une chaleur écrasante. Il fait une chaleur énorme, le personnel ne peut ni nous donner à boire ni à manger car ils ne savent pas ce qu’on a […] Des personnes âgées ont besoin d’aller aux toilettes, mais il n’y a pas assez de personnel, alors des patients se lèvent pour aller chercher l’infirmière, accompagnant parfois eux-mêmes ces personnes aux toilettes, témoigne-t-il. Alain Bruneel dénonce « le manque criant de moyens humains et matériels
». Son périple aux urgences l’a mis en présence d’un « personnel, toujours en mouvement
», qui « n’arrête jamais » et qui finalement « se retrouve à bout de souffle ».