Voyager plus en dépensant moins. Aktarer Zaman, 22 ans, a trouvé la recette magique qui permet d’économiser jusqu’à 50% sur les billets d’avion et le fait savoir sur son site «Skiplagged.com».
En lançant une plainte contre son site, la compagnie United Airlines et l’agence en ligne Orbitz ont mis en avant la technique du «Hidden City Ticketing» qui permet, dans certains cas, de payer un billet d’avion beaucoup moins cher.
Les deux géants du tourisme américain ont porté plainte contre Skiplagged, un petit site jusqu’alors peu connu. Si cette technique n’était pas connue du grand public, Skiplagged a justement pour but de la médiatisée.
Plusieurs raisons expliquent la terreur des compagnies de voyage pour cette pratique:
- Un manque à gagner.
- Des retards générés par l’attente des personnes ne se présentant pas au second vol.
- L’impossibilité de calculer à l’avance le nombre exact de personnes à bord et par conséquent le nombre de sièges à proposer, ainsi que le volume de kérosène à emporter.
La technique du hidden city ou si vous préférez du skiplagging est assez simple. Elle consiste à acheter un billet comportant une escale, celle-ci représentant la destination finale.
Ainsi par exemple, si vous souhaitez vous rendre à Atlanta en partant de Sidney, payer un Sidney-Atlanta-New-York peut s’avérer moins onéreux qu’un vol direct Sidney-Atlanta. Vous ferez donc un no-show sur la deuxième partie du vol et sortirez à l’aéroport d’Atlanta.
L’explication se trouve la notion de hub. Certaines compagnies peuvent baisser leurs tarifs sur certaines destinations pour s’ajuster à la concurrence. Si elles ne proposent pas de vols directs, elles feront ainsi escale dans leurs hubs.
En Europe, la méthode commence à faire des émules.
La compagnie allemande Lufthansa a d’ailleurs poursuivi un passager en justice, il aurait réservé un vol avec escale pour payer son trajet moins cher, sans voler jusqu’à la destination finale.
Le passager visé par la plainte de Lufthansa avait réservé un vol entre Oslo et Seattle, avec escale à Francfort. À l’aller, il a bien effectué le trajet Oslo-Francfort-Seattle, mais au retour, il s’est arrêté à Francfort et a pris un autre vol pour rentrer chez lui à Berlin.
La raison en est simple, le trajet Oslo-Seattle coûtait 657 euros, tandis que l’aller-retour Francfort-Seattle était à 2769 euros. Il a donc économisé plus de 2000 euros.
Ces différences de prix s’expliquent pour trois raisons principales :
- Les taxes ne sont pas les mêmes entre aéroports, certains étant plus chers que d’autres.
- La concurrence entre compagnies au sein d’un même aéroport.
- Le type de clientèle présent sur la destination. La clientèle affaires achète des billets plus chers que la clientèle loisir.
Le phénomène est pour le moment assez limité. Son utilisation est assez compliquée, elle demande de longues recherches sur le net.
De plus, cette astuce fonctionne principalement sur les aller simple, ou pour les allers retours, seulement sur le vol retour. En effet, les compagnies prévoient quasiment toute une clause de «no-show», qui annule le reste de votre voyage si vous manquez un segment.
Enfin, cette pratique rajoute souvent du temps de vol et cerise sur le gâteau, vous devez voyager sans bagages sinon faudra aller les chercher à la ville de la destination finale du vol.
Dans cet exemple, les conditions générales de ventes de Lufthansa précisent,
Si le transport correspondant à un itinéraire prédéfini n’est pas effectué, ou s’il n’est pas effectué dans l’ordre séquentiel établi par les coupons de vols, nous recalculons le prix du billet conformément au nouvel itinéraire.
Lufthansa a ainsi été débouté par le tribunal de Berlin au motif que la compagnie n’a pas réussi à justifier le tarif de 2769 euros réclamé a posteriori au passager.