La police de l’État ouest-africain de Guinée fait face à une tempête de critiques à propos d’une vidéo virale qui les a apparemment montrés utilisant une femme comme bouclier humain contre des manifestants jetant des pierres.
La vidéo, dont la source ne peut être vérifiée indépendamment mais dont l’authenticité n’a pas été contestée, s’est rapidement diffusée sur les réseaux sociaux mercredi soir.
La séquence est datée de mercredi et indique l’emplacement comme étant le quartier de Wanindara.
Il montre quatre policiers casqués face à de jeunes manifestants jetant des pierres.
L’un des policiers se déplace devant les manifestants, poussant une femme devant lui, apparemment contre sa volonté.
Après un échange de pierres et de projectiles anti-émeute, la police a soudainement reculé. Le policier attrape la femme sous son bras et, après quelques mètres, semble la traîner sur le sol.
La vidéo a enregistré plusieurs centaines de milliers de vues et déclenché une vague d’attaques en ligne contre les forces de sécurité.
Le général Ansoumane Baffoe Camara, directeur général de la police nationale guinéenne, a déclaré à l’AFP que le personnage principal de la vidéo avait été arrêté et « répondra de ses actes ».
La femme dans la vidéo, Fatoumata Bah, a déclaré aux médias locaux qu’elle avait été blessée dans l’incident et qu’elle était allée à l’hôpital pour recevoir des soins, puis était rentrée chez elle.
Bah, mère de cinq enfants, dit que la police l’a fouillée, l’a poussée et jetée à terre. De jeunes manifestants du quartier ont enregistré l’incident, a-t-elle déclaré.
« Aujourd’hui, je souffre beaucoup. Mon pied droit est foulé et j’ai des rayures sur presque toutes mes jambes », a-t-elle déclaré. « C’était une insulte à ma dignité.«
La Guinée connaît des mois de protestations
La police a présenté l’agresseur présumé, le brigadier Mamadou Lamarana Bah, qui n’a aucun lien avec la victime, aux journalistes après son arrestation. Il a affirmé qu’elle avait fourni des pierres aux manifestants, mais qu’il l’avait saisie pour la protéger.
« Je jure devant Dieu, je n’ai jamais voulu lui faire de mal, c’était juste pour la sauver. »
De hauts responsables de la police ont déclaré qu’il ne faisait aucun doute qu’il s’était réfugié derrière la femme.
La Guinée connaît des mois de troubles politiques, déclenchés par des soupçons selon lesquels le président Alpha Condé, 81 ans, souhaite modifier la constitution afin de rester au pouvoir.
Au moins 28 civils et un gendarme sont morts, selon un décompte de l’AFP.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui organise les manifestations, a conduit jeudi les critiques sur les réseaux sociaux.
La vidéo, a-t-elle déclaré sur Facebook, a ajouté à une litanie d’abus commis par les forces de sécurité – « tirer sur des personnes dans des cimetières, des lieux de culte, même sur des ambulances ».
« Maintenant, la milice d’Alpha Conde (procède) à des prises d’otages », a-t-il accusé.
Le ministère de la Sécurité a déclaré jeudi qu’il était « totalement inacceptable que des innocents souffrent d’opérations pour maintenir l’ordre ».
Il a indiqué que des enquêtes avaient été immédiatement lancées sur « des cas récemment enregistrés » et que tout policier en faute serait « recherché et puni ».
En novembre, Amnesty International a déclaré que 70 manifestants ou passants avaient été tués lors de rassemblements depuis 2015 et avaient attaqué ce qu’elle a appelé « l’impunité » des forces de sécurité.