Farida, infirmière de 50 ans a été interpellée dans des conditions inhumaines à l’issue de la manifestation du personnel soignant à Paris. Elle livre un témoignage exclusif à Taha Bouhafs sur le média La-bas si j’y suis.
Ayant travaillée pendant toute la crise du Covid-19 et l’ayant même attrapé, Farida est tirée par les cheveux, trainée au sol par les forces de l’ordre. Souffrant d’asthme, elle finira évacuée le visage en sang tout en réclamant à plusieurs reprises sa Ventoline.
« J’ai des hématomes un peu partout »
“Je ne réalise pas encore ce qu’il s’est passé (…) Je ne m’attendais pas du tout ça parce que je n’étais pas là pour me faire massacrer, pas là pour jeter des cailloux non plus. J’étais là pour manifester, pour revendiquer les droits des soignants.”
“J’ai été blessée au front, j’ai une plaie dans le cuir chevelu, derrière l’oreille, et j’ai des hématomes un peu partout”, raconte Farida.
«Je ne comprenais pas pourquoi on gaze des soignants, dit-elle. On vient réclamer nos droits, on vient dire ‘au secours, l’hôpital brûle’. Ca fait longtemps qu’on est en train de vous dire qu’on va mal, qu’on ne peut plus soigner les gens dans la dignité, on ne peut plus honorer nos missions. Vous n’entendez pas, vous nous envoyez des gaz ? C’est incroyable. Je croyais que c’était fini ça, je croyais qu’on était les héros de la République».
“C’était symbolique: je ne visais pas les forces de l’ordre, je ne voulais pas blesser quelqu’un, je voulais juste dire qu’on en a marre, qu’on est fatigués. ‘Arrêtez de nous museler comme vous faites’.” Elle poursuit: “On asphyxie déjà dans les hôpitaux, et quand on manifeste, on nous gaze. Quand on vient vous dire qu’on ne va pas bien, vous nous rajoutez des gaz pour qu’on se taise. C’est toute cette symbolique que ça a pris dans ma tête.”
«Je croyais qu’on était les soldats de Mr. Macron, explique-t-elle. Je croyais qu’on nous avait confié le sort de la France, et qu’on avait répondu. Les gens ont répondu tous les jours, sont venus travailler. Les gens sont restés, les soignants ont annulé leurs vacances, fait des heures supplémentaires. Et quand on dit à l’Etat : ‘rappelez-vous de ce que vous nous avez promis : que vous alliez améliorer nos conditions de travail. Et vous nous envoyez des gaz ? Vous nous étouffez ?’ J’étais révoltée, je suis révoltée (…) Je ne veux plus me résigner».
Elle a porté plainte ce vendredi à l’IGPN, alors que trois membres des forces de l’ordre ont également porté plainte.