Un voyage de rêve à Disney World qui a vite tourné au cauchemar. C’est l’histoire des Al-Rawi, une famille canadienne qui, en février, s’est vue refuser l’entrée aux Etats-Unis par les douanes américaines à l’aéroport Pearson à Toronto (Canada).
« Mes enfants étaient tellement excités, ils comptaient même les jours avant le voyage », a témoigné Firas Al-Rawi, 48 ans et médecin à l’Hôpital général de Toronto.
Firas est un Irakien qui a immigré au Canada avec sa famille en 2006 par le Qatar, où lui et sa femme, Asmaa Ahmed, ont tous deux travaillé en tant que médecin. Ils font partie des 330 voyageurs (voire plus) dont l’entrée aux États-Unis est refusée, en vertu de la Nationality Act, une loi qui donne aux agents frontaliers le droit de refuser l’accès aux non-Américains et ce, y compris pour les citoyens canadiens.
Le 13 février, la famille est arrivée à l’aéroport international de Pearson trois heures avant leur vol prévu à 17 heures. C’est après avoir été photographié et avoir laissé leurs empreintes digitales au comptoir d’enregistrement qu’ils ont été invités à se rendre ailleurs pour une inspection secondaire.
Le père de la famille a en effet été interrogé sur la raison de sa visite, son emploi ainsi que sur ses récents voyages en famille en 2014 à Qatar et à Dubaï.
« Nous ne nous sommes pas demandés s’il s’agissait réellement d’un contrôle aléatoire, compte tenu de la projection typique avec ce qui se passe avec ISIS (le groupe Etat islamique terroriste). Nous n’avions rien à cacher » a-t-il expliqué. « Mais nous n’étions pas préparés pour le reste de l’entretien. Nous étions stressés, ne sachant pas ce qui se passait ».
Après un entretien de 10 minutes, Al-Rawi explique que lui et sa famille ont de nouveau laissé leur empreinte digitales et photographiés, avant que des agents en uniforme ne viennent inspecter leurs valises.
Pendant l’inspection, leurs appareils électroniques, soit un iPhone, un MacBook ainsi que deux ou trois iPads leur ont été confisqués. Les membres de la famille ont même été contraints de fournir les mots de passe afin que les autorités puissent débloquer les dispositifs !
« Nous avions des photos privées où nous apparaissons dévoilées » s’inquiète Ahmed, la mère, faisant référence à des photos de famille présentes sur les appareils numériques, où elle et sa fille, Zainab, sont exposées sans leur foulard.
La famille a indiqué que les responsables américains n’ont toujours pas restitué leurs appareils. De plus, la famille dit inquiète pour les conséquences que cette action aura pour les voyages futurs. Leurs passeports portent maintenant des timbres américains indiquant qu’ils ont retiré leur demande d’admission aux États-Unis.
L’Avocat Khalid Elgazzar, vice-président du Conseil national des musulmans canadiens, a déclaré que cette interdiction de séjour peut affecter la capacité d’une personne à remplir les obligations de travail, sans parler de la stigmatisation qui est créé dans l’entourage.
« Il y a l’impression que ces projections secondaires ne sont pas aléatoires », a déclaré Elgazzar. « Les Canadiens n’ont pas de droits aux États-Unis Il n’y a pas d’accès à l’information. Il n y a pas de mécanisme de recours et il n y a pas grande chose à faire ».