Le ministère algérien de la Communication a décidé de « ne plus autoriser » la chaîne de télévision privée française M6 à opérer en Algérie, au lendemain de la diffusion d’un documentaire sur le mouvement de protestation populaire « Hirak » dans ce pays.
Dans un communiqué publié lundi soir, le ministère de la Communication accuse ce documentaire—intitulé « L’Algérie, le pays de toutes les révoltes »—de « porter un regard biaisé sur le Hirak » et d’avoir été réalisé par une équipe munie d’une « fausse autorisation de tournage ». « Ce précédent nous conduit à décider de ne plus autoriser M6 à opérer en Algérie, sous quelque forme que ce soit », affirme le ministère.
« Des clichés réducteurs »
Présenté dans le cadre de l’émission Enquête Exclusive, ce reportage de 75 minutes — filmé par moments avec des “caméras discrètes” — expose des témoignages de trois jeunes Algériens sur l’avenir de leur pays, en proie à un soulèvement inédit depuis février 2019. La crise sanitaire a entraîné la suspension des marches du Hirak à la mi-mars.
Le ministère de la Communication fustige des “témoignages insipides”, des “clichés les plus réducteurs” et “une somme d’anecdotes sans profondeur”.
L’une des protagonistes de l’enquête, Noor, une YouTubeuse connue en Algérie, a expliqué lundi sur les réseaux sociaux qu’elle regrettait avoir participé au documentaire et a déploré “le manque de professionnalisme” de la chaîne française.
Fausse autorisation de tournage
Selon le communiqué algérien, “une journaliste franco-algérienne a assuré la réalisation du film, avec l’aide d’un fixeur algérien, munis d’une fausse autorisation de tournage”, une infraction “au demeurant sévèrement sanctionnée”.
Le ministère promet d’engager des poursuites contre les auteurs du reportage pour “faux en écriture authentique ou publique”.
Il “n’est pas fortuit que ces médias, outillés pour exécuter un agenda visant à ternir l’image de l’Algérie et à fissurer la confiance indéfectible établie entre le peuple algérien et ses institutions, agissent de concert et à différents niveaux et supports”, estime-t-il.