Les résultats des travaux menés au sein des « ateliers thèses » de l’Observatoire « Action Sociétale et Action Publique » (ASAP) ont permis de révéler le statut discriminatoire des femmes voilées dans le milieu professionnel.
Les femmes voilées sont contraintes de prendre en compte le contexte de polémiques régulières, auquel est venu s’ajouter le récent projet de loi sur la notion encore floue de séparatisme.
Pour comprendre comment les femmes voilées s’adaptent et ajustent leur plan de carrière tout en travaillant avec le voile, selon une méthode qualitative, une série d’entretiens semi-directifs a été menée auprès de 30 femmes voilées entre 2018 et 2020.
L’analyse des données nous a permis d’identifier 6 stratégies distinctes de bifurcation professionnelle: la réorientation professionnelle, le déclassement social, la recherche d’une entreprise accueillante, la carrière entrepreneuriale, la mobilité internationale et enfin le renoncement à une carrière, précise The Conversation.
Témoignages de femmes voilées
«En travaillant dans l’enseignement, j’ai constaté que le milieu de l’Éducation nationale et le trop peu de liberté qu’il accorde ne me convenait pas. Le fait de ne pas avoir pu être complètement moi m’a fait basculer vers un autre milieu car j’avais nié une partie de moi-même. J’ai donc effectué un autre Master 2 en économie sociale et solidaire après mon expérience dans l’enseignement pour me réorienter. Aujourd’hui, mes collègues savent que je suis musulmane, que je fais mes prières, que je mange halal et cela correspond à ce que je suis réellement».
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«Je travaille actuellement comme employée polyvalente au sein d’une agence de voyage appartenant à mon beau-frère. C’est une agence où il n’y a que des salariés musulmans et je porte le voile sur le lieu de travail. J’ai cependant du suivre des formations pour être agent de voyage puisque j’avais une formation de comptable à l’origine. D’ailleurs, je ne voulais pas vraiment travailler au sein d’une agence de voyage mais, avec le voile, je ne trouvais pas facilement ailleurs».
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«J’ai monté ma propre boite. De formation, je suis clerc de notaire et là ce n’est pas du tout en lien avec mes études. Cependant le droit est dans tout donc ça me sert dans tout ce qui est administratif et ça me permet d’être moi-même».
En conclusion, le besoin d’authenticité corrélé à la volonté de porter le voile au travail et à la fuite de la stigmatisation, amènent la collaboratrice musulmane à rechercher sa reconnaissance pour ce qu’elle est réellement et non pas une représentation erronée d’elle-même.