Le Yémen est en proie à la crise humanitaire la plus grave et complexe du monde. La quasi-totalité de la population, soit 24 millions de personnes, a besoin d’une assistance humanitaire, le conflit a provoqué le déplacement de 3 millions de personnes à l’intérieur du pays et des situations de famine, des fonctionnaires n’ont pas été payés pendant des mois, et les ports et les aéroports ont été rendus inaccessibles, ce qui a entravé la livraison d’aide humanitaire.
En 2020, 12 millions d’enfants yéménites ont besoin d’une aide humanitaire pour vivre. Chacun d’entre eux se trouve donc témoin ou victime de graves violences, ou en situation d’extrême précarité. Ils garderont tout au long de leur vie des séquelles traumatisantes, dénonce l’UNICEF dans un dossier spécial.
j’ ai reçu ces images d’ un ami, elles ont été faites au Yémen, ils meurent de faim et on entend rien de cette catastrophe…. pic.twitter.com/SeW223fmEr
— Patrick (@gorgone971) March 5, 2021
Constat alarmant
La nouvelle analyse de la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) pour le Yémen indique que des poches de famine (phase 5) sont déjà réapparues pour la première fois en deux ans, et avertit que le nombre de personnes connaissant ce degré d’insécurité alimentaire catastrophique pourrait presque tripler, passant de 16.500 personnes actuellement à 47.000 personnes entre janvier et juin 2021.
Dans le même temps, l’analyse de l’IPC avertit que le nombre de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire de la phase 4 – la phase d’urgence – est sur le point d’augmenter de 3,6 millions à 5 millions de personnes au cours du premier semestre 2021. Sans changement de cap, ces personnes pourraient aussi connaître la famine.
« Le Yémen est au bord de la famine et nous ne devons pas tourner le dos aux millions de familles qui en ont maintenant désespérément besoin. Ne vous y trompez pas, 2021 sera encore pire que 2020 pour les personnes les plus vulnérables du Yémen. La famine peut encore être évitée, mais cette opportunité s’éloigne chaque jour qui passe », a déclaré David Beasley, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies.
La phase 4 est un dernier avertissement pour l’action. A ce stade, les gens souffrent déjà énormément et certains des plus vulnérables risquent de mourir de faim.
Plus de la moitié des 30 millions d’habitants du Yémen (16,2 millions) seront confrontés à des niveaux de crise d’insécurité alimentaire (phase 3+) d’ici la mi-2021, et beaucoup d’entre eux sont sur le point de glisser vers des niveaux de faim de plus en plus graves, car plus de cinq années de guerre ont épuisé les familles et les ont rendues extrêmement vulnérables aux chocs.
« Il est impératif de maintenir les gens en vie en maintenant le flux de nourriture, mais ce cycle ne peut pas continuer éternellement », a déclaré le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu.
« Le Yémen a besoin d’une cessation du conflit, qui est le principal moteur de l’insécurité alimentaire dans le pays. Les familles yéménites ont besoin de stabilité et de sécurité – et d’une aide aux moyens d’existence pour les aider à reprendre une production alimentaire normale, afin qu’elles aient moins besoin de soutien extérieur et puissent mettre en place des systèmes alimentaires plus résistants et autosuffisants », a-t-il ajouté.