Selon Marlene Schiappa les mosquées doivent plaider pour les mariages homosexuels, et les accepter, sous peine d’être qualifiées de non-républicaines.
« Est-ce que dans les prêches on considérera que deux hommes ont le droit de s’aimer et de se marier, comme deux femmes ont le droit de s’aimer et de se marier comme le disent les lois de la République française ? » déclare la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.
La communauté musulmane s’oppose à « la charte des imams »
Un collectif de plus de 500 cadres de la communauté musulmane de France s’oppose à « la charte des imams » imposée par le gouvernement à travers la signature d’une tribune publiée sur Mediapart. Il est composé de plus de : 100 imams, 50 enseignants en sciences islamiques, 50 présidents d’associations, 300 étudiants en sciences islamiques.
« En tant qu’imams ou enseignant(e)s, nous faisons face à une diversité d’attentes : certaines sont directement liées à nos compétences, qu’il s’agisse de diriger les prières, de répondre aux questions religieuses ou d’enseigner l’islam. D’autres sont liées aux réalités et aux besoins de nos communautés locales : conciliation de couples, encadrement des jeunes, questions de sécurité ou événements interculturels. Ce n’est pas notre métier… mais c’est notre mission.
La plupart du temps, tout va bien. Nos concitoyens vivent ensemble et font ensemble, se respectent les uns les autres, grâce à un lien humain qui, fort heureusement, trouve sa source non pas dans les représentations médiatiques et politiques que certains font des musulmans, mais dans le monde réel.
Dans ce monde réel, nous concédons tous les efforts dont des Hommes de foi sont capables pour faire vivre une parole de paix, de justice, d’amour et de respect : le message de l’islam. Et nous sommes convaincus, en tant que croyants comme en tant que citoyens, qu’une compréhension saine et équilibrée de l’islam est non pas porteuse de violence ou de division, comme les terroristes et les racistes s’échinent et s’encouragent mutuellement à le faire croire, mais de dignité, d’équité et de bienveillance au service de tous.
C’est justement cette compréhension de l’islam qui, dans un contexte où ils sont chaque jour visés par des polémiques, calomniés, stigmatisés par des figures politiques parfois sans scrupules, permet à nos concitoyens musulmans de prendre du recul, de faire la part des choses et de rester impliqués positivement au quotidien, à l’heure où tant d’extrémistes voudraient questionner leur légitimité ou leur place en France.
À ce titre, notre rôle en tant que cadres religieux est aussi de fournir des clés de compréhension, qui permettent à chaque personne de concilier sa foi et sa citoyenneté, sans les mettre en opposition ni en réduire la substance, au risque de mettre en péril les deux.
C’est ce qui nous amène, dans le débat politique actuel, à exprimer une critique constructive quant aux projets de “Conseil National des Imams” et à la “Chartes des Principes” que le gouvernement a exigés, dans le cadre de son projet dit contre “les séparatismes” :
Sur la forme :
Cette démarche a été réalisée sans la moindre concertation avec les imams comme avec les fidèles musulmans, à qui certains veulent imposer une fois de plus une manière de s’organiser, alors même que de multiples initiatives de terrain existent, avec des résultats prometteurs. Une simple consultation des premiers intéressés aurait permis de recenser les besoins et les attentes réelles des musulmans, bien éloignés des instrumentalisations et des surenchères politiques auxquelles on assiste.
Le moyen utilisé est tout aussi problématique : en imposant au CFCM des conditions de contrôle politique et idéologique qu’aucune structure d’un autre culte n’accepterait, on crée un dangereux précédent, tout en utilisant une entité que seuls 7,21% des musulmans de France reconnaissent comme légitime pour les représenter. On crée ainsi une situation surréaliste et antinomique, aux extrêmes limites de l’Etat de droit et de ses principes :
Pour “en finir avec l’islam consulaire”, on valide des entités directement liées aux représentations des pays d’origine, qui se répartissent les postes entre eux de manière circulaire au sein d’une instance non représentative.
Pour “défendre la laïcité”, on s’ingère directement et explicitement dans les modalités d’organisation de la deuxième religion de France, alors que selon les lois en vigueur, la République devrait rester neutre vis à vis des convictions théologiques de chacun.
Pour “promouvoir l’égalité”, on crée une exception musulmane, puisqu’aucun autre culte ne subit le même traitement ni la même criminalisation, qui se traduit par la mise en cause d’associations, de lieux de cultes et de dignitaires religieux, pour “faire passer un message”.
Sur le fond :
Qu’espère-t-on réellement accomplir à travers une telle manière de faire ?
Une fois passées les félicitations unanimes des extrêmes droites européennes et les vivats aussi souvent haineux qu’anonymes sur les réseaux sociaux, que restera-t-il de cette fuite en avant, qui a mis des millions de nos concitoyens musulmans en tension, déchirés entre une foi que l’on stigmatise et une citoyenneté que l’on conditionne ? Et pour quel résultat…
Les coups de menton auxquels on assiste ont des effets dévastateurs :
D’abord, ils mettent en danger l’Etat de droit, puisqu’ils créent de fait un délit d’opinion et de foi, en criminalisant par des mesures administratives de harcèlement toute association ou personne qui n’adhèrerait pas à la vision politique du moment, comme l’a à plusieurs fois revendiqué le ministère de l’intérieur.
Ensuite, ils renforcent les extrêmes, en validant une rhétorique de confrontation et d’inégalité, faisant des citoyens musulmans des étrangers dans leur propre pays, qui font l’objet d’une politique et d’un traitement spécifiques, les dépossédant de leur parole et de leurs choix.
Enfin (et c’est en vérité le plus grave), ils aliènent toutes les bonnes volontés de celles et ceux qui, pendant tant d’années, ont cherché à œuvrer dans le bon sens, afin que nos concitoyens musulmans aient toute leur place dans un pays qui est aussi le leur, sans avoir à renier ou à masquer une part de leurs convictions ou de leur identité. Les uns partent, les autres abandonnent. D’autres encore font le choix de se concentrer sur des projets comme l’insertion, l’entrepreneuriat, l’éducation ou la santé, en invisibilisant nécessairement leur fibre religieuse pour ne plus avoir à se justifier ou à s’expliquer qu’entre français et musulmans, ils ont choisi d’être les deux.
Donc très respectueusement, nous ne signerons pas la “charte des principes” ni ne validerons le “conseil national des imams” imposés au CFCM pour contrôler le culte et la foi musulmane. Ces textes et dispositions n’engagent que ceux qui y souscrivent.
Et nous ne souhaitons pas, en apportant notre nom ou notre caution à des textes qui posent problème, sur le fond comme sur la forme, légitimer ou participer à la criminalisation de nos concitoyens, notamment musulmans. Cela reviendrait à mettre en péril les principes fondamentaux (état de droit, laïcité, égalité, …), tout en répondant à des objectifs politiques aux antipodes de nos valeurs.
Comme de nombreuses associations et personnalités musulmanes, en métropole comme dans les territoires d’Outre-Mer, nous sommes très soucieux de l’autonomie et de la bonne organisation des musulmans. C’est pourquoi nous participons et participerons, chacun à notre échelle, à toutes les initiatives qui vont dans ce sens, en toute transparence et en toute légalité, qu’il s’agisse de la mise en conformité des associations, de la formation des imams, de la structuration de notre culte, selon nos propres modalités. »