En pleine crise diplomatique avec l’Espagne due à l’accueil du leader du Polisario Brahim Ghali et au passage de milliers de jeunes marocains par la frontière de Ceuta, l’annonce du Maroc d’éviter à nouveau les ports espagnols pour le voyage de l’Europe vers leurs foyers de leurs concitoyens cet été pour des raisons sanitaires et le COVID-19 provoque une certaine surprise dans les entreprises espagnoles.
Ces dernières qui vont être touchées, notamment les compagnies maritimes, les ports et les stations-service et les hôtels le long de l’itinéraire allant des frontières espagnoles avec la France aux ports d’embarquement sur la côte sud de l’Espagne.
Par exemple, le port de Ceuta cesserait de recevoir 1,2 million d’euros au titre des seules taxes portuaires correspondantes, qu’il a obtenues en 2019, alors que plus de 300 000 Marocains l’utilisent. Et d’autres entreprises connexes, comme les hôtels et les agences de voyage, perdraient, selon certaines estimations, environ la moitié de leurs revenus annuels.
La mesure annoncée il y a quelques heures précise que seuls les navires en provenance de France, du port de Sète et de Gênes en Italie seront autorisés à arriver, comme l’année dernière, et avec les mêmes conditions sanitaires, un test PCR à l’embarquement et un autre à bord.
A l’instar de 2020, le retour par voie maritime des Marocains bloqués ou résidant à l’étranger ne sera possible que via les lignes maritimes opérées depuis la France et l’Italie, excluant de facto les ports espagnols.
Commentant ce lundi la décision des autorités marocaines, le maire d’Algésiras, José Ignacio Landaluce a ainsi qualifié de «catastrophe» l’annulation de l’opération Paso del Estrecho (OPE), l’équivalent en Espagne de l’opération Marhaba. «Des milliers (d’entreprises et de salariés, ndlr) seront touchés», a-t-il déploré dans une déclaration reprise par ABC. «On espère qu’il y aura un retour sur la décision, car on parle de milliers d’emplois dans des structures comme les compagnies maritimes, les stations-service, les hôtels, les restaurants, les agences de voyages…», a-t-il rappelé.
«Il y a eu une réunion (entre le Maroc et l’Espagne, ndlr) il y a des mois mais elle n’était que préparatoire. Les années précédentes, nous avions eu beaucoup de réunions de coordination», a-t-il ajouté, en espérant que le Maroc et l’Espagne seront «capables de réorienter la situation». L’année dernière, José Ignacio Landaluce avait ouvertement exprimé sa «préoccupation» lors de la mise à l’écart des ports espagnols par le Maroc. La décision de cette année tombe ainsi comme un coup de massue, précise Yabiladi.
Car la décision marocaine frappe de plein fouet les principaux ports espagnols. Celui d’Algésiras accueillait même jusque-là plus d’un tiers des passagers et la moitié des véhicules transitant par l’Espagne à destination du Maroc. Elle affecte aussi plusieurs villes et ports espagnols, comme l’a avancé Macarena Olona, porte-parole adjoint de Vox et membre du Congrès. «Rien qu’à Motril, cela représente une perte de 20 000 000 euros», déplore-t-elle sur son compte Twitter.
Tout en qualifiant de «tragique» cette décision, elle a assuré qu’outre Algésiras, la décision affecte «Tarifa, Malaga, Almería, Alicante, Ceuta et Melilla» et «toutes les entreprises» y opérant. Pourtant, le parti espagnol d’extrême droite a proposé, il y a quelques jours, de faire de l’Opération Paso del Estrecho une carte contre le Maroc en appelant à son annulation.