Des universitaires, qui dénoncent un « abus de pouvoir », veulent savoir si l’enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université a bel et bien été lancée par la ministre.

En février dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal annonçait vouloir lancer une enquête sur « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène la société » et les universités. Quatre mois plus tard, aucune nouvelle n’a été donnée de se projet, souligne « le Monde » ce jeudi 10 juin qui révèle en revanche que six enseignants-chercheurs ont introduit une procédure de référé et un recours en annulation devant le Conseil d’Etat.

Les requérants et leurs avocats, William Bourdon et Vincent Brengarth, demande à la ministre de renoncer à l’enquête « qui bafoue les libertés académiques et menace de soumettre à un contrôle politique, au-delà des seules sciences sociales, la recherche dans son ensemble ».

Une procédure de référé et un recours en annulation ont ainsi été déposés devant le Conseil d’État le 13 avril. Ils demandent à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche de renoncer officiellement et définitivement à cette enquête “qui bafoue les libertés académiques et menace de soumettre à un contrôle politique, au-delà des seules sciences sociales, la recherche dans son ensemble”.

Le 7 mai, le Conseil d’État s’est déclaré incompétent et a transmis la requête en annulation au ministère pour l’interroger sur sa position et confirmer si une commission d’enquête existe bel et bien. “Soit oui, une commission existe avec tel et tel membre, soit non – c’est le plus probable –, il n’y a pas de commission d’enquête” explique Fabien Jobard, l’un des requérants, chercheur au CNRS, chercheur en Science politique dont les recherches portent sur les institutions pénales et l’État de droit. »

Menace pour les libertés académiques

Le dimanche 14 février, sur CNews, la ministre et ancienne présidente de l’Université Nice-Sophia-Antipolis avait déclaré contre toute attente : “Je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable, elle fait partie de la société”. Elle avait annoncé de surcroît confier une enquête au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans le but de distinguer, dans la recherche française, “ce qui relève de l’académique et ce qui relève du militantisme, de l’opinion”, en visant en particulier les ”études postcoloniales”.

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