Le Qatar a déclaré que les talibans ont fait preuve de « pragmatisme » et devraient être jugés sur leurs actions en tant que dirigeants incontestés de l’Afghanistan, mais n’a pas annoncé la reconnaissance formelle des islamistes.
Le ministre adjoint qatari des Affaires étrangères, Lolwah al-Khater, a déclaré à l’AFP dans une interview exclusive qu’il appartiendrait aux Afghans de déterminer leur avenir, et non à la communauté internationale.
Doha a été l’intermédiaire central entre les talibans, qui ont ouvert un bureau politique au Qatar en 2013, et la communauté internationale, dont Washington, jusqu’à ce que le groupe islamiste termine sa prise de contrôle éclair de l’Afghanistan le mois dernier.
« Ils ont fait preuve d’un grand pragmatisme. Saisissons les opportunités là-bas… et regardons leurs actions publiques », a déclaré Khater, qui n’a pas annoncé la reconnaissance formelle des nouveaux dirigeants afghans.
« Ils sont les dirigeants de facto, cela ne fait aucun doute », a-t-elle déclaré à l’AFP lors d’un entretien, qui a eu lieu lundi soir, avant que les talibans ne dévoilent leur gouvernement intérimaire de ligne dure.
Les talibans ont nommé mardi un gouvernement par intérim dirigé par le mollah Mohammad Hassan Akhund, mais n’ont encore reçu la reconnaissance officielle d’aucun État membre des Nations Unies, y compris le Qatar.
Mais Khater, porte-parole du Qatar sur la scène mondiale ainsi que face à la réponse du pays au coronavirus, a noté « quelques bons gestes » de la part des nouveaux dirigeants talibans d’Afghanistan.
« Le fait même que de nombreuses personnes évacuées aient pu quitter Kaboul – dont de nombreuses étudiantes – est une vitrine, car sans leur coopération, cela n’aurait pas été possible », a-t-elle déclaré à l’AFP.
La reconnaissance qatarie des talibans ne viendrait pas immédiatement, a déclaré Khater.
« Nous ne nous précipitons pas vers une reconnaissance. Mais nous ne nous désengageons pas complètement avec les talibans… nous prenons la voie du milieu. »
Pour leur part, les États-Unis ont déclaré mardi qu’ils étaient « préoccupés » par le gouvernement dévoilé par les talibans plus tôt dans la journée, notant qu’il était composé uniquement de membres talibans et ne comprenait aucune femme.
Un porte-parole du département d’Etat a noté qu’il s’agissait d’un gouvernement « par intérim » et a déclaré que « nous jugerons les talibans sur leurs actions, pas sur leurs paroles ».