Vingt-sept ans après la condamnation d’Omar Raddad pour le meurtre d’une riche veuve, Ghislaine Marchal, la justice a décidé jeudi de rouvrir le dossier, première étape vers une éventuelle révision du procès. Le jardinier Omar Raddad a toujours clamé son innocence, la justice demande de nouvelles investigations.
Saisie par Omar Raddad d’une requête en révision, la commission d’instruction a ordonné un complément d’information, a précisé cette source.
« Cette décision est un pas vers la révision », a déclaré à la presse l’avocate d’Omar Raddad, Sylvie Noachovitch. « La bataille n’est pas terminée », a-t-elle lancé.
Désigné par l’inscription « Omar m’a tuer », tracée avec le sang de la victime sur la scène de crime, l’ex-jardinier avait essuyé un premier rejet d’une demande de révision en 2002.
Un bouc émissaire
Ces nouvelles investigations vont porter sur des traces ADN, quatre exactement. Des ADN masculins qui ne correspondent pas à celui d’Omar Raddad. Ils ont été découverts en 2015, certains mélangés au sang de Ghislaine Marchal, sur les fameuses inscriptions « Omar m’a tuer » et « Omar m’a T ». Et il y a deux ans, une expertise a pour la première fois déterminé que ces ADN auraient été déposés au moment du meurtre, et non après, par un potentiel meurtrier, donc, qui aurait utilisé le sang de la victime pour désigner un bouc émissaire. C’est en tout cas la théorie de la défense d’Omar Raddad, toujours coupable aux yeux de la justice, indique Europe 1.
Mais depuis les années 2000, plusieurs expertises tendent à faire naître le doute dans l’esprit des enquêteurs. Le 31 octobre 2000, deux graphologues désignés par la commission de révision de la Cour de cassation mettent en doute l’identité de l’auteur de l’inscription. « Il n’est pas sûr que ce soit Mme Marchal qui ait écrit ‘Omar m’a tuer' », estiment-ils. Le 27 décembre, une nouvelle expertise de police scientifique conclut que la trace de main ensanglantée accompagnant l’inscription « Omar m’a tuer » est faite du sang de Mme Marchal mêlé à un sang masculin. Une analyse détermine le 20 février 2001 que cet ADN masculin n’est pas celui d’Omar Raddad. Mais pour la Cour de révision ces nouveaux éléments ne suffisent pas pour un procès en révision, et rejette, le 20 novembre 2002, la demande d’un nouveau procès.
Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l’époque, Omar Raddad a bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d’une libération conditionnelle en 1998. Mais cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l’innocente pas.