A l’issue de la première édition du FORIF, le ministre de l’Intérieur a accordé à Saphirnews une interview au cours de laquelle il déclare aussi sa volonté de « lutter contre l’insécurité culturelle » vécue par nombre de citoyens musulmans de France.
Le financement est le nœud gordien qui rend l’organisation du culte musulman assez difficile aujourd’hui, que ce soit à l’échelle nationale que locale. De quelle marge de manœuvre dispose l’Etat pour contribuer à dénouer le problème ?
Gérald Darmanin : Vous savez, il y a beaucoup d’argent disponible pour l’islam et pour les religions en général. Il y a beaucoup de possibilités ! Tout d’abord, l’Etat peut subventionner les difficultés qui naissent de l’accessibilité pour les personnes handicapées dans les lieux de culte, les travaux à faire, la sécurité ou la transition écologique, si on a envie de passer dans tel type de protection et d’éviter des factures énergétiques trop fortes. Cela reste toujours possible. C’est ce que la loi contre les séparatismes a d’ailleurs permis de le faire. Avant, la loi ne le permettait pas toujours.
Deuxièmement, je rappelle que, si les mosquées passent en loi 1905, ce que la loi les oblige à faire désormais, elles auront accès à un certain nombre de choses qui leur permettraient du financement national et local. La taxe foncière, vous ne la payez pas si vous êtes en (loi) 1905. Je connais des musulmans qui continuent à faire des appels aux dons et à faire venir de l’argent étranger pour payer une taxe foncière qu’ils n’auraient pas payé s’ils sont en 1905. C’est un peu absurde ! La déduction fiscale, personne ne la touche aujourd’hui parce qu’il n’y a pas des reçus fiscaux donnés. C’est pourtant une énorme source de financement pour tout le monde.
Le hajj, c’est aussi une source de financement très important. Pareil pour le halal. C’est une question qu’on peut se poser, les juifs y ont répondu par la cacherout. Ce n’est pas l’Etat qui l’organise, ce sont les juifs eux-mêmes et une partie des financements va au Consistoire. Il n’est donc pas anormal de dire qu’on peut peut-être se partager cet argent qui, vous savez bien, est très important. Je pense qu’il y a plein de sources de financement possibles, à condition que les gros aident les petits. Que l’on considère que ce qui compte, c’est le culte musulman, pas les endroits où on a des positions monopolistiques.
Gérald Darmanin : Une phrase que j’aime et que l’on peut certainement trouver l’équivalent dans le Coran, c’est « Aide-toi, le Ciel t’aidera ! » Si les gens prennent au sérieux leur structuration, s’ils voient l’espoir que cela suscite, qu’ils s’organisent en conséquence et se solidarisent entre eux, ce n’est pas seulement le Ciel mais c’est l’État qui les aidera.