Depuis les attentats de Paris, le pays des droits de l’homme est extrêmement vigilent à l’encontre de tout individu au comportement dit «  suspect  ». L’État d’urgence a déjà pris soin de discriminer et de cibler une communauté bien particulière, et sombrer dans une paranoïa aiguë.

Le Conseil national de l’ordre des médecins a récemment publié une note d’information destinée aux médecins qui doivent faire face à des patients en voie de «  radicalisation  », nous informe le Figaro.

Un document qui rappelle la définition de ce qu’est la radicalisation : « Un processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique social ou culturel. »
À l’inverse du fondamentalisme religieux, comme le met en garde le Dr Faroudja «  Ce n’est pas parce qu’un patient se fait pousser la barbe et se met à porter une djellaba qu’il est en train de se radicaliser ».

Ainsi le document comporte un tableau répertoriant les « indicateurs de basculement dans la radicalisation ».

Trois cas de figure sont ensuite mis en avant, auxquels les médecins peuvent éventuellement être confrontés, comme le rappelle le site du Figaro.

« Cas de figure n°1: face à un adulte en voie de radicalisation ou radicalisé

C’est sans doute la situation la plus complexe à gérer puisqu’elle pose la question du secret médical auquel sont soumis les médecins. Il est d’ailleurs strictement encadré par le Code pénal, le Code de santé publique et le Code de déontologie médicale. Néanmoins dans certaines circonstances, le médecin, «s’il a la sensation d’un danger imminent», peut signaler, «en toute bonne foi», un patient qu’il juge dangereux aux autorités, fait savoir le Dr Faroudja. «Quitte à devoir passer devant une juridiction disciplinaire ou un tribunal pénal. Toutefois, on prendrait en compte les circonstances atténuantes». Autrement dit, le médecin aurait de fortes chances d’être relaxé si le danger était jugé réel. Mais attention, il ne s’agit pas d’alerter la police à la moindre occasion. Pour l’Ordre, le secret médical reste «général et absolu».

Pour rassurer les médecins, faudrait-il changer les textes de loi? «Ce n’est pas nécessaire, les textes actuels suffisent», juge le déontologue, rappelant que l’Ordre est opposé à toutes nouvelles dérogations (personnes âgées, handicapées, etc). En cas de doute, le Dr Faroudja invite les médecins à se tourner vers les conseils départementaux, qui eux-mêmes peuvent se rapprocher de la section Ethique et Déontologie du Conseil national.

• Cas de figure n°2: face à un mineur

Concernant les mineurs qui pourraient être en situation de danger, la situation est plus «simple» pour les médecins. Dans ces cas-là, il existe une dérogation à l’obligation de respecter le secret professionnel. Comprendre: la loi autorise le praticien à signaler l’enfant auprès du procureur de la République ou de la Cellule départementale de recueil des informations préoccupantes (CRIP), une structure créée en 2007. Le médecin doit au préalable en informer les parents, à moins que cela lui paraisse contraire à l’intérêt de l’enfant.

• Cas de figure n°3: face à un proche d’une personne radicalisée

Parfois, c’est un frère, une tante ou un ami qui se confient au médecin pour parler d’un proche susceptible de s’être radicalisé. Dans ce cas, le praticien peut l’orienter vers le Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation (CNAPR), qui recueille les signalements effectués par les particuliers.
Cette initiative laisse certains praticiens dubitatifs, à l’image du Dr Roger Rua, médecin du sport en Île-de-France. «C’est une bonne chose qu’il existe ce genre de note mais je pense qu’il est toujours très difficile d’évaluer un patient. Même avec un faiseau d’indices, ce n’est pas évident. On soigne parfois des gens qui ont des idées extrémistes et on ne les dénonce pas pour autant.»

De même, le président national du Syndicat des médecins libéraux (SML), le Dr Eric Henry, craint que le lien de confiance entre médecins et patient soit rompu «pour une poignée de fous sociaux». «Comment le patient peut s’assurer qu’il n’a pas affaire à un délateur?», s’interroge-t-il, estimant qu’une ligne a été franchie. «Notre mission est de soigner et de protéger les enfants maltraités et les personnes vulnérables (handicapés, personnes âgées, etc), mais là, si on se met à repérer les personnes radicalisées, on n’est plus dans la santé, mais dans la dénonciation politique», estime ce médecin de 54 ans, basé en Bretagne, et qui craint les dérives. «J’appelle donc tous mes confrères à la prudence face à cette note. Certes, nous sommes en Etat d’urgence, mais cela n’autorise pas tout!»  »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît tapez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici