Les discriminations sur le marché du travail sont approchées ici selon trois dimensions, que ce soit le comportement des recruteurs vis‑à‑vis des candidats, le risque de chômage de groupes d’actifs sur le marché du travail ou le ressenti de ces actifs sur leur situation.
Ces trois mesures permettent de conclure que les personnes originaires du Maghreb, immigrées elles‑mêmes ou descendantes d’immigrés, diplômées de CAP à bac+5 ayant réalisé leurs études et travaillé en France, subissent en 2019‑2020 de fortes discriminations. Elles sont nettement moins souvent recontactées par les recruteurs en vue d’un entretien d’embauche que celles sans ascendance migratoire ; leur risque de chômage est plus fort à caractéristiques équivalentes et elles déclarent plus souvent s’être vues injustement refuser un emploi, indique l’étude de l’INSEE.
La situation des hommes apparaît plus défavorable que celle des femmes de même origine : ils sont un peu moins souvent recontactés par les recruteurs, et 91% des écarts de taux de chômage entre les immigrés du Maghreb et les hommes sans ascendance migratoire ne s’expliquent pas par des différences de profils et de trajectoires professionnelles, contre 34 % pour les femmes. Pour les hommes descendants d’immigrés du Maghreb, la part inexpliquée des écarts de taux de chômage reste élevée (80%).
Les descendants d’immigrés et les immigrés de la même origine déclarent aussi souvent s’être vus injustement refuser un emploi. À caractéristiques comparables, les hommes immigrés comme descendants d’immigrés du Maghreb déclarent plus de deux fois plus souvent que les hommes sans ascendance migratoire avoir vécu une telle situation. Cette expérience est également rapportée près de deux fois plus souvent par les femmes descendantes d’immigrés du Maghreb que par les femmes sans ascendance migratoire partageant les mêmes caractéristiques.