Jonathan, employé de pompes funèbres dénonce ce qu’il nomme «le business de la mort». Cadences effrénées, «corps malmenés»… L’homme de 37 ans a compilé témoignages et documents qu’il a livrés à la justice. Une enquête est ouverte à Bordeaux, révèle Le Parisien.
Après quelques années difficiles dans l’entreprise, Jonathan ouvre les yeux sur des pratiques courantes « Les mises en bière étaient faites avec une ou deux personnes maximum, donc parfois quand il faut sortir les corps du frigo, quand c’est hors gabarit, c’est trop compliqué donc ça claque. On entend des bruits ». Des bruits de fragments d’os qui commencent à le hanter.
« J’ai vu malmener les corps »
Puis vient cette journée au funérarium pour laquelle il est missionné. Il doit transporter un corps d’1m90 avec une fiche obsèque mal renseignée ou faite à la va-vite, et un cercueil d’1m80 qui attend la dépouille. Il appelle alors son chef qui lui dit « fais au mieux, il faut que tu le fasses rentrer », « Moi on m’a dit de couper un tendon ou de casser un os, »dit-il. « Quoiqu’il en soit, il faut que ça ferme. Il y a la famille qui attend ». Jonathan insiste pour dire qu’il n’a rien cassé, mais son mental, lui est brisé.
« On ne peut pas travailler comme ça »
Un collègue lui raconte avoir procédé à une inversion de corps sous les ordres de sa hiérarchie et lui confie les documents en attestant. Arrivé au funérarium d’Arès, ce dernier ne trouve pas le corps pour lequel il est venu, et en réfère à son supérieur qui l’oriente tout de suite sur un autre corps. « Comme le flic arrive dans 10 minutes ou 1/4 d’heures, il n’y a pas le choix. Si il n’y a pas de famille, coupe le bracelet… c’est un ordre de la direction » , continue Jonathan, relatant les propos du supérieur et précisant qu’on parle du bracelet qui permet d’identifier la personne défunte, précise France Infos.
La cérémonie a lieu et un corps est alors incinéré à la place d’un autre. « Les familles se sont recueillies au crématorium alors que c’était pas le bon corps et ça s’est déroulé normalement » continue Jonathan. « On a fait comme si de rien n’était, à part lui, qui aujourd’hui a encore du mal à dormir »,conclut-il.