Près d’une décennie après le début des enquêtes initiales, le procès offre à Marine Le Pen l’occasion de se disculper des accusations qu’elle a toujours niées, tout en continuant à peaufiner l’image du parti afin de le rendre apte à gouverner.
Cependant, cela comporte également le risque de mettre en lumière les problèmes récurrents du RN avec la loi.
Des responsables et employés du parti, d’anciens législateurs et assistants parlementaires sont accusés d’avoir utilisé des fonds destinés au travail parlementaire de l’UE pour rémunérer des employés qui travaillaient pour le RN, qui à l’époque s’appelait le Front national.
Les législateurs de l’UE reçoivent des fonds pour couvrir les dépenses, y compris pour leurs assistants, mais ne sont pas censés les utiliser pour financer des activités partisanes.
De nombreux partis politiques européens en particulier les plus petits, qui bénéficient de moins de financements nationaux ont utilisé de l’argent de l’UE pour embaucher des talents prometteurs comme aides pour les législateurs de l’UE.
L’actuel président du RN, Jordan Bardella, qui est également membre du Parlement européen, a occupé ce type de poste d’assistant. Il ne fait pas partie du procès.
Le parti de Marine Le Pen qui siège avec le principal groupe de partis eurosceptiques et nationalistes au Parlement européen et plaide pour des politiques « la France d’abord » sur des questions allant de l’immigration aux marchés de l’énergie et à l’agriculture, nie les accusations.
Marine Le Pen fait face à des charges à la fois pour son rôle de dirigeante du parti et en tant que législatrice européenne ayant elle-même engagé des assistants prétendument fictifs.
Les procureurs affirment qu’un autre des accusés, Thierry Legier, a en réalité travaillé comme garde du corps pour Marine Le Pen et son père, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national, tout en percevant un salaire d’assistant parlementaire entre 2005 et 2012.
Le législateur du RN et porte-parole du parti, Laurent Jacobelli, a déclaré à Reuters la semaine dernière que Marine Le Pen n’était pas inquiète à propos du procès.
« Elle sait que ce dont nous sommes accusés, c’est d’avoir une compréhension différente, en tant que parti français, de ce qu’est un rôle d’assistant, par rapport à la compréhension du Parlement européen, » a-t-il déclaré.
Si elle est reconnue coupable, Marine Le Pen et les autres accusés pourraient faire face à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans, une amende d’un million d’euros (1,12 million de dollars), et être interdits d’exercer des fonctions publiques pendant jusqu’à cinq ans.
Marine Le Pen a perdu deux fois face à Emmanuel Macron au second tour des élections présidentielles françaises, en 2017 et 2022, et est largement considérée comme une candidate de premier plan pour la prochaine élection en 2027.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête en 2016, suite à un rapport de 2015 du président du Parlement européen au ministre français de la Justice, suivi d’une enquête policière.
Les enquêteurs ont examiné la situation de 49 assistants parlementaires du RN au cours des trois dernières législatures européennes. Ils ont inculpé 11 membres du RN de l’assemblée européenne, dont Marine Le Pen et son père, pour détournement de fonds de l’UE, et ont inculpé 13 assistants parlementaires d’avoir reçu ces fonds.
Jean-Marie Le Pen, 96 ans, ne sera pas présent au procès pour des raisons de santé.
Le procès durera jusqu’au 27 novembre.
Le RN fait l’objet d’une autre enquête préliminaire, lancée en juillet par le parquet de Paris, concernant un financement illégal présumé de sa campagne présidentielle de 2022.
