La motion « Israël est un État d’apartheid responsable de génocide » a été adoptée à une écrasante majorité la semaine dernière à l’Oxford Union, une prestigieuse société de débats. Le vote historique a vu 278 membres soutenir la motion, contre seulement 59 votes en opposition, après ce qui a été rapporté comme l’un des débats les plus houleux de l’histoire récente de l’Union.
L’Oxford Union, l’une des sociétés de débats les plus renommées au monde, a accueilli des intervenants de premier plan, notamment l’écrivaine américano-palestinienne Susan Abulhawa, le poète palestinien Mohammed El-Kurd et l’écrivain israélien Miko Peled, qui ont plaidé en faveur de la motion. L’opposition comprenait Natasha Hausdorff, directrice juridique de UK Lawyers for Israel, l’activiste arabo-israélien Yoseph Haddad, ainsi que Mosab Hassan Yousef, fils d’un ancien dirigeant du Hamas qui a fait défection à l’État israélien à la fin des années 1990 et a collaboré avec l’agence de sécurité Shin Bet.
Le débat a été marqué par plusieurs moments controversés. Haddad a été invité à quitter la salle après être apparu avec un T-shirt provocateur affichant une photo d’un dirigeant du Hezbollah tué par Israël. Une autre controverse a éclaté lorsque Yousef a affirmé que les Palestiniens « n’existent pas » et a accusé l’Oxford Union d’être « hijackée par les musulmans », des déclarations qui ont suscité de vives critiques de la part de l’audience. Yousef s’est converti de l’islam au christianisme en 1999.
El-Kurd a ouvert les débats en faveur de la motion avec une déclaration percutante sur les actions d’Israël à Gaza : « Personnellement, je pense qu’il n’y a pas de place pour le débat en présence de chair brûlée. Je ne pense pas qu’il y ait de place pour la conversation pendant que des gens sont littéralement brûlés vifs et incinérés. » Il a condamné ce qu’il a qualifié de complicité de « l’Empire » dans le « financement et la facilitation » du génocide. El-Kurd a déclaré fermement : « Il n’y a absolument rien que le peuple palestinien puisse faire qui justifie un génocide », rejetant les accusations concernant l’utilisation de boucliers humains.
En faveur de la motion, Peled a soutenu que ce sont les Palestiniens, et non Israël, qui ont subi le terrorisme depuis la création de l’État d’apartheid. Sa déclaration controversée selon laquelle « Le 7 octobre n’était pas du terrorisme. Ce furent des actes d’héroïsme d’un peuple opprimé » a suscité plusieurs interruptions de la part des membres du public l’accusant de « glorifier le terrorisme ». Malgré les interruptions, Peled a poursuivi son discours.
Il a conclu en appelant au démantèlement de « l’État d’apartheid » et à l’établissement d’une « Palestine libre et démocratique, du fleuve à la mer. »
L’écrivaine américano-palestinienne Susan Abulhawa a présenté des preuves convaincantes des pratiques d’apartheid d’Israël et du génocide en cours dans la bande de Gaza. Elle a retracé comment les premiers dirigeants sionistes ont posé les bases du génocide d’Israël dans l’enclave. En citant des preuves historiques de nettoyage ethnique, elle a souligné que, bien que 80 % des Palestiniens aient été expulsés lors de la Nakba de 1948, les 20 % restants continuent d’être perçus comme une « menace démographique » par les dirigeants israéliens. Elle a affirmé que le débat allait au-delà des définitions techniques, déclarant qu’il portait fondamentalement sur « la valeur des vies palestiniennes ». Elle a présenté des preuves de politiques systématiques visant les Palestiniens, allant des documents historiques aux actions contemporaines à Gaza.
— susan abulhawa | سوزان ابو الهوى (@susanabulhawa) November 30, 2024
Le président de l’Union, Ebrahim Osman-Mowafy, a quitté son rôle de modérateur pour prendre la parole en faveur de la motion, décrivant les actions d’Israël à Gaza comme un « holocauste ». Remplaçant Norman Finkelstein, qui devait initialement participer au débat, Osman-Mowafy a mis en lumière le cas de Shaban Al-Daloum, un jeune homme de 19 ans brûlé vif lors d’une frappe aérienne israélienne contre l’hôpital Al-Aqsa dans le nord de Gaza, comme preuve des actes d’Israël s’apparentant à un génocide.
Le succès écrasant de la motion, avec une majorité de 219 votes, reflète une préoccupation internationale croissante concernant le génocide israélien et le traitement des Palestiniens par l’État occupant, ce qui illustre le système de domination raciale et d’apartheid en Israël et dans les territoires palestiniens occupés par Israël.
Ce débat s’inscrit dans un contexte marqué par l’émission de mandats d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël fait également l’objet d’une enquête par la Cour internationale de Justice (CIJ) pour génocide, et est accusé de commettre le crime d’apartheid par des organisations majeures de défense des droits humains, telles que B’Tselem, Human Rights Watch et Amnesty International.