Lancée sur les réseaux sociaux algériens, l’affaire a fait le buzz dans les médias français et pour cause. Les étés ont décidément la côte, la période des vacances 2016 avaient déjà donné lieu à une mascarade grotesque où le burkini avait tenu la France en haleine.
Les scribouillards de la République en mal d’inspiration et n’ayant une fois de plus rien à se mettre sous la dent cet été, se sont rués sur l’info sans en vérifier l’authenticité comme à leur habitude.
« Jusqu’à 3000 femmes » étaient attendues en bikini pour une « baignade républicaine géante » à Tichy, une localité balnéaire de Kabylie à 250 km d’Alger. Autant dire que la nouvelle a de quoi mettre du baume au cœur des anti-burkinis républicains.
Pourtant à y regarder de plus près, il ne s’agit nullement d’une «opération bikini» de militantes algériennes qui espèrent en découdre avec une soi-disant campagne “intégriste” visant à interdire le port du maillot aux femmes, comme veulent nous le faire croire les médias occidentaux.
Le chef de bureau de Béjaïa du quotidien algérien El-Watan, Kamel Medjdoub est clair à ce sujet :
« Aucune “baignade républicaine” n’a eu lieu », lundi 7 août. « C’était une journée ordinaire avec son lot de maillots ordinaires de toutes sortes », a-t-il affirmé par téléphone à l’AFP.
Eh oui ! Les bikinis ne sont pas interdits sur les plages algériennes, les femmes ont le droit de choisir leur tenue pour se baigner, maillot une ou deux pièces, burkini, l’Algérie laisse à chacune le choix de ses opinions contrairement à certains pays.
Le groupe Facebook «Quelle plage à Annaba ?» créé fin juin regroupe des femmes agacées du harcèlement grossier de ces messieurs sur les plages, comme l’a expliqué l’une de ses membres à l’AFP.
« J’ai adhéré début juillet (…) parce que je trouvais que nous n’étions pas à l’aise pour nager. Nous ne voulions pas être dérangées ».
« Jusqu’à présent, nous nous sommes retrouvées à une vingtaine de femmes sur la même plage (…) en général la plage de Séraidi » à Annaba, a confié Sarah qui assure qu’« il n’y a jamais eu de baignade à 3.000 femmes ».
D’ailleurs ajoute-t-elle: « pour nous, peu importe que la femme soit en bikini, en voile, en maillot une pièce ou autre, l’essentiel est de pouvoir nager à l’aise sans être embêtées. »
Pourtant la presse occidentale évoque « un groupe de 2.876 femmes » qui « s’organise chaque semaine sur les réseaux sociaux pour protester de manière pacifique en se baignant en maillot de bain sur les plages de la ville », en réaction à une «campagne» “islamiste” sur internet qui aurait appelé à photographier les femmes en maillot pour les publier en ligne.
L’auteur de l’article initial qui avait avancé le chiffre de 3000 femmes se défend d’avoir lancé la rumeur et dénonce: « les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux ». Lilia Mechakra dit avoir seulement « parlé d’un groupe de femmes de 3.000 membres, sans dire qu’elles allaient à la plage toutes ensemble ».
Selon elle ces opérations bikini ne sont qu’un « fantasme des médias étrangers, français en particulier, pour meubler l’été après le feuilleton du burkini » en 2016, a-t-elle expliqué à l’AFP.