Le site arquivo.geledes.org nous présente Severiano de Heredia, homme politique caribéen né le 8 novembre 1836 à la Havane. Il a été élevé par son parrain, un riche planteur. En 1845, il arrive à Paris et c’est en 1873 qu’il est élu conseiller municipal du quartier des Ternes, puis président du conseil de Paris en 1879 et député de la Seine deux ans après. Il devient en 1887 le premier ministre noir des Travaux publics. Il meurt à Paris en 1901 d’une commotion cérébrale.
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Un brave républicain mais pourtant classé au cimetière des oubliettes. Heredia, c’est un des hommes de couleur qui ont fait la France. Mais pourquoi donc a-t-il été dénigré et effacé de l’histoire ?
Paul Estrade, professeur émérite à l’université de Paris VIII, a fait il y a quelque temps la promotion de son livre à l’Assemblée Nationale, intitulé « Sévériano de Hérédia : ce mulâtre cubain que Paris fit maire et la République ministre ».
Pour reconstruire son histoire, l’auteur a du établir un véritable travail de fouille : études des archives de la police de Paris, de la Bibliothèque nationale, du Grand orient de France, ainsi que les archives cubaines « En France, seul l’archiviste du Grand orient de France avait remarqué son nom clinquant et son rang éminent au sein de la hiérarchie maçonnique. Mais il ne s’avait pas qu’il était noir. » précise-t-il.
Son nom ne figure pas sur la liste des personnalités enterrées au cimetière parisien situé aux Batignolles où il repose et encore moins dans les dictionnaires et encyclopédies populaires de notre époque. Pire encore, il n’a jamais été décoré de la légion d’Honneur, pourtant créateur des bibliothèques municipales à Paris, de Victor Hugo et Jules Ferry, ainsi que président de l’association Philotechnique !
Alfred Jocksan (agence de presse GHM) a recueilli les propos de Paul Estrade, auteur du livre «Sévériano de Hérédia : ce mulâtre cubain que Paris fit maire et la République ministre»
AJ. Quel est l’objet de votre livre ?
PE. J’ai voulu montrer, c’est un travail d’historien, que notre Sévériano de Hérédia était véritablement un homme supérieur, indépendamment de toute autre considération.
AJ. En quoi cet homme est-il emblématique ?
PE. Dès que j’ai mis le nez dans la documentation le concernant, je me suis aperçu de la modernité de sa pensée et surtout de son insertion possible dans les débats actuels. Mais je pense que les mentalités françaises n’ont pas évolué aussi vite que le monde et, par conséquent, il reste encore des relents enfouis, et parfois malheureusement exprimés, d’une pensée colonialiste .
AJ. Comment se fait-il qu’il ne figure pas sur la liste des personnalités du cimetière des Batignolles ?
PE. C’est extrêmement surprenant et il faut continuer les recherches. Une chose est certaine, il a eu des obsèques magnifiques avec cinq orateurs donc un futur président de la République, le président du Sénat et chose tout à fait extraordinaire, le corps diplomatique étranger était représenté par Haïti. C’est la seule fois où Haïti a représenté le corps diplomatique mondial.
L’ambassadeur d’Haïti était un ami de Severiano, c’est-à-dire qu’on avait perçu au moment de sa mort sa dimension africaine. La presse a rendu compte de ces obsèques très solennelles comme un fait divers. Son étoile avait pali, il n’était plus rien. Il avait été quelque chose, et là, il y avait eu la conquête de l’Afrique… Tout Français doit se pencher sur son histoire en examinant les recoins qui peuvent être honteux ou simplement incompris.