L’armée israélienne a récemment publié des statistiques révélant que plus de 240 soldats se sont suicidés ces dix dernières années. Ce qui représente un suicide tous les 15 jours. C’est un blogger qui a publié l’information de façon anonyme avant d’être interrogé par la police et l’armée israélienne.
Ce qui a alerté ce blogger, c’est la différence significative entre les statistiques officielles de personnes décédées publiées par l’armée (qui cherche par tous les moyens à minimiser ce chiffre pour “éviter la contagion” dans les rangs de Tsahal), et le nombre de pages d’hommages posthumes sur le site internet officiel de commémoration.
L’armée isralienne s’est défééndu en prétendant que ce sont les familles des soldats décédés qui ne veulent pas les voir figurer dans la catégorie «suicide».
Un psychiatre cité dans un article publié par haaretz.com déclare que la majorité des soldats qui se suicident sont des personnes en bonne santé physique et mentale, mais qui traversent une crise personnelle aiguë.
Mais quelles sont alors les raisons du suicide de ces soldats ? La principale explication provient du fait qu’ils sont obligés de perpétrer des actions qui vont à l’encontre de leur valeurs morales et de leurs principes.
En effet, “Breaking the Silence” (Briser le Silence), une organisation créée en 2004, a publié en 2009 un recueil de témoignages contradictoires sur l’Opération Plomb Durci, l’invasion de la Bande Gaza qui duré trois semaines.
Après la publication de ce livre, le Ministre des Affaires Etrangères israélien a contacté l’Espagne, les Pays-Bas ainsi que d’autres gouvernements étrangers afin qu’ils cessent de financer l’organisation. L’ONG israélienne a alors décidé de publier désormais un livre de témoignages de soldats intitulé “Notre logique cruelle” : Témoignages de soldats israéliens dans les Territoires Occupés de 2000 à 2010 contenant 145 interviews.
Ces précieux témoignages apportent des indices sur le ressenti de ces soldats par rapport à l’occupation et aux tactiques utilisées pour réprimer les actes d’opposition des Palestiniens contre cette même occupation. Un témoignage, apporté par un Sergent d’état-major (Brigade Nahal basée à Hébron), raconte comment ils se sont comportés avec deux jeunes écoliers ayant soit disant lancé des pétards sur le chemin de retour de l’école vers leur maison. En leur demandant s’il avait vu les enfants lancer ces pétards et l’âge qu’ils pouvaient avoir, il répond :
« Non, non, non. Nous ne les avions rien vu lancer. On les avait juste vus passer. Peut-être qu’ils courraient. Je ne me souviens pas bien, mais je me rappelle parfaitement que nous les avons arrêtés pour les fouiller. L’un d’eux était vraiment petit… peut-être quatre ou cinq ans. Un enfant vraiment très jeune, avec son frère… Peut-être même encore à la crèche ou en première année de maternelle… Et vous lui faîtes une fouille corporelle. A lui, et à son frère qui est à peine plus âgé . »
« Evidemment, vous ne pointez pas votre arme sur lui pour ne pas l’effrayer, mais c’est un des sujets difficiles pour moi, une autre confrontation à la réalité d’Hébron. Vous vous retrouvez soudain à fouiller au corps un tout petit enfant. Incroyable. J’ai fait la fouille, et j’étais en état de choc. Je me sentais si, comment vous dire, je me sentais si immoral à cet instant, je me sentais inhumain. Alors d’accord, l’arme n’est pas pointée sur lui, vous n’êtes pas en train de le menacer, et vous ne lui hurlez pas dessus. Vous êtes juste en train de le fouiller au corps… Est-ce un acte auquel j’aurais pu me substituer ? Je ne sais pas. Et ça fait mal. Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai reçu une éducation. J’ai travaillé avec des jeunes, des enfants. Je me suis retrouvé auprès de petits élèves de première année dans le cadre de ma préparation au service militaire. Et tout à coup, vous vous imaginez en train de faire subir cela à un enfant qui était dans votre classe, un enfant dont vous étiez le tuteur en arithmétique. Un enfant qui est aussi petit, qui a exactement le même âge, la même taille, et vous êtes en train de le fouiller au corps. Ce n’est pas humain. »
Au delà du fait que le suicide demeure aujourd’hui la première cause de mortalité parmi les rangs de l’armée israélienne, il est important de prendre conscience de la propagande opérée par Israël qui fait croire que ses soldats sont les victimes d’éventuels “terroristes”. L’oppresseur qui se dit oppressé.
Quand on constate le nombre de soldats qui n’ont pas eut d’autres solutions que de se donner la mort à cause des tortures et des massacres sur les palestiniens depuis plus d’un demi-siècle, il est très facile d’évaluer la gravité et l’aspect inhumain des traitement infligés au peuple palestinien.