Chaque jour, Clément Viktorovitch, ce professeur de rhétorique à Sciences Po analyse les discours politiques du moment, avec l’objectif de donner des clés de compréhension aux citoyens, afin de les armer face aux procédés rhétoriques auxquels ils sont confrontés.
« Il faut appeler les choses par leur nom : sur la question des masques pour les soignants, Edouard Philippe vient de commettre un mensonge d’État »
Stock de masques, mensonge d’Etat ?
Au mois de février, alors que le coronavirus se propage déjà en France, le stock de masques de l’Etat est pratiquement à sec. Une situation qui n’empêche pas Jérôme Salomon, le directeur général de la santé (DGS), d’assurer avec aplomb qu’aucune pénurie n’est à craindre. Au même moment pourtant, soignants libéraux, personnels hospitaliers et même autorités régionales de santé sont dans le noir. Le ministère de la Santé ne leur donne pratiquement aucune visibilité sur les livraisons de masques à venir et acte, sans le dire, une gestion au compte-gouttes des stocks publics, rapporte Libération.
Un niveau alarmant dont le gouvernement d’Édouard Philippe avait conscience. L’ancien directeur de Santé publique France de 2016 à 2019 François Bourdillon confirme en tout cas au quotidien que son organisme a alerté le ministère de la Santé à au moins deux reprises sur la question. Un premier rapport, rendu en 2018, est catastrophique: les seuls masques restant à l’époque se périmaient alors quelques mois après.
″À ce moment-là, il y a eu des réunions au ministère pour estimer ce qu’il fallait commander”, raconte François Bourdillon avant de poursuivre: “Et puis, j’ai reçu une instruction de commande de la DGS d’une faible quantité, qui ne permettait pas de remonter le niveau du stock. Il a été décidé à ce moment-là de ne pas reconstituer le milliard de masques.” Et le professeur de souffler: “Certains ont considéré qu’un stock de masques pour la population n’était pas si important que ça.”, précise le Huffington Post.
