Des volontaires indiens de l’État d’Assam se sont engagés dans un combat pour aider près de 2 millions de musulmans indiens déchus de leur nationalité.

Un centre de détention a été construit pour accueillir dès le 20 décembre prochain ces nouveaux apatrides – dont la plupart sont musulmans, même si leur famille habite en Inde depuis des générations.

Il faut savoir qu’un registre national des citoyens indiens (National Register of Citizens) a été créé en 1951 pour déterminer quels habitants de l’État de Assam, fraîchement créé, pouvaient prétendre à la nationalité indienne.

Mais en 2015, le BJP, parti hindou au pouvoir en Inde, a annoncé son intention de modifier les règles de ce registre, excluant de la nationalité tous ceux qui ne pourraient pas prouver que leur famille vivait dans l’Assam avant la création du Bangladesh, en 1971.

Un peu plus de 1,9 million de résidents de l’Assam ont ainsi été déchus de leur nationalité indienne.

Certains ont fait appel, et de nouvelles décisions interviendront en décembre.

Beaucoup d’analystes politiques indiens estiment que cette décision est une façon de viser la minorité musulmane d’Inde et d’attiser le sentiment antimusulman dans le pays.

Ceux qui sont exclus de la liste sont ceux qui sont les plus vulnérables.

Au début, le gouvernement aidait à remplir ces formulaires de régularisation de nationalité. Mais maintenant, ce sont juste les activistes qui viennent en aide à ces deux millions de personnes.

La peur se diffuse au sein des communautés musulmanes visées par la réforme. Les gens savent qu’un camp de détention est en train d’être construit.

À la fois des musulmans bengalis, mais aussi des hindous bengalis, ont été déchus de leur nationalité. Mais les musulmans sont ceux qui sont les plus vulnérables, car les hindous bengalis bénéficient toujours d’une protection du fait qu’ils sont hindous.

Des volontaires ont organisé des navettes, ainsi que le logement, pour les résidents de l’Assam qui devaient se rendre à des audiences pour prouver qu’ils étaient bien Indiens.

Ceux qui vivent dans les zones rurales ont souvent des préavis seulement 24 heures avant leur convocation à 400 ou 500 kilomètres de là. Certains ne gagnent que 300 à 400 roupies par jour (4 à 5 euros). Or, le coût du transport à significativement augmenté à cause de la soudaine demande pour se rendre dans les tribunaux.

Le journaliste Abhishek Saha a été témoin de la panique,

Dimanche a été un jour de panique dans plusieurs endroits de l’Assam. Des gens ont vendu des vaches, des chèvres et des bijoux pour louer des véhicules et se rendre aux tribunaux dans des villes à près de 300-400 kilomètres de là.

En août 2019, plus de 60.000 habitants de l’État d’Assam ont été considérés comme apatrides, faute de s’être présentés au tribunal.

Ces tribunaux sont composés de membres, pas de juges, ce qui pose un gros problème au point de vue du droit.

Tous n’ont pas forcément de bases juridiques, et on peut même s’interroger sur l’indépendance de ces tribunaux.

Le modérateur spécial auprès de la Commission des droits de l’Homme indienne pour l’Assam a d’ailleurs déclaré que ces tribunaux étaient une «blague» et a averti le gouvernement sur les risques d’une crise semblable à celle des Rohingya.

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