Ce mercredi 11 mars, 37 imams et responsables musulmans canadiens et un imam américain de Houston ont décidé de signer un texte contre les agissements barbares de l’EI et qui fera foi de fatwa.
Le texte est considéré comme étant la première « fatwa formelle contre l’EI dans le monde », la fatwa condamne aussi bien les groupes similaires à l’EI comme les « organisations terroristes comme Al-Qaïda, les talibans, Boko Haram » etc…. L’imam Soharwardy souligne que tous les imams et érudits islamiques sont de mouvances différentes de l’Islam.
Venant de Montréal, de Vancouver, d’Edmonton et de Toronto, ces imams et muftis se sont réunis afin de tenter de sauver la jeunesse musulmane. Regroupés autour de l’imam Soharwardy, fondateur du Conseil suprême islamique du Canada et à l’origine de la fatwa, ces responsables soutiennent que l’EI ne respecte pas la loi islamique et qu’en conséquence l’EI et tous ceux qui les suivent ne seraient plus considérés comme musulmans. « Ils ont été excommuniés.
Ceux qui voudraient les appuyer devraient être excommuniés eux aussi », souligne la fatwa. Ajoutant que quiconque porterait une aide quelle qu’elle soit à des jeunes musulmans afin de « voyager secrètement ou sans le consentement de leurs parents pour joindre l’EI (…) fera face aux foudres d’Allah dans ce monde et dans l’au-delà ». Car selon le texte, le combat de l’EI n’est pas un combat islamique et son idéologie ne peut-être appelée “djihad”. « C’est plutôt du terrorisme pur et c’est interdit » affirme-t-il.
En effet, selon M. Soharwardy, l’EI a plusieurs fois violé les lois de l’Islam en décapitant des prisonniers, en tuant des musulmans qui ne voulaient pas rejoindre l’organisation, en détruisant des mosquées, en brûlant à vif des soldats ennemis ou en encourageant les filles musulmanes à les rejoindre.
L’imam espère sincèrement que l’appel sera entendu par le plus grand nombre, surtout par ceux ou celles qui auraient l’intention de partir pour la Syrie. « Nous prions chaque musulman, plus particulièrement les jeunes, à ne pas se laisser influencer par ces discours, ces chansons ou cette littérature d’imposteurs prétendants être musulmans et qu’on peut retrouver sur Internet ou les réseaux sociaux. C’est un piège pour les jeunes musulmans. »
Concernant l’importance de la portée du texte, l’imam Sohardarwy a déclaré que celui-ci « est important pour tous ceux qui savent que les opinions de ces juristes doivent être suivies. C’est significatif car notre fatwa est fondée sur les enseignements du Coran et du Prophète (salla Allahou alayhi wa salam). Compte tenu des preuves que l’EI viole les lois islamiques, (le texte) aura un poids important pour ceux qui doivent être convaincus que l’EI ne prend pas le bon chemin ».
Le texte met en garde aussi contre « toute attaque contre le Canada » car selon les savants se « serait une attaque contre les musulmans canadiens ».
L’imam Soharwardy s’en est pris au Premier ministre Stephen Harper et au gouvernement fédéral, en leur reprochant de mettre à égalité les vrais djihadistes et les combattants de l’EI, car selon lui pour les musulmans le mot “djihad” signifie surtout « la lutte ».
Donc en l’employant à toutes les sauces, il contribue à augmenter chez la Oumma un sentiment de sympathie, une sorte d’allégeance du cœur. « Ces gens emploient tellement ce mot à la légère que les gens commencent à éprouver de la sympathie pour les organisations terroristes. Un des facteurs de l’essor du terrorisme est cette islamophobie et ce mauvais emploi des mots par des représentants du gouvernement », a-t-il déclaré.
Pour finir, la fatwa pointe également la politique menée par le Canada, les États-Unis et d’autres pays occidentaux au Moyen-Orient comme c’est le cas en France, affirmant qu’elle est « basée sur l’islamophobie » et est « injuste, biaisée et intolérante envers les musulmans ». Et surtout qu’elle a de grosse répercussion sur les communautés musulmanes desdits pays.