Savoir que des personnes de tous horizons se reconvertissent à l’Islam fait toujours aussi chaud au cœur soubhan Allah.
Voici le témoignage de Jessica, une jeune femme de mère juive qui s’est reconvertie à l’Islam. Même si son parcours a parfois été difficile, Dîna, de son prénom musulman, semble aujourd’hui avoir trouvé la quiétude al hamdouliLlah. Plutôt que de vous raconter son cheminement, nous avons décidé de vous laisser découvrir son récit…

« As-salam aleykoum wa rahmatullah wa barakatuh. Je me présente le prénom que j’ai choisi pour marquer symboliquement ma reconversion est Dîna et celui que m’a donné mes parents à ma naissance est Jessica. Je suis née dans une famille modeste, dans la banlieue lyonnaise. Mes parents se sont séparés alors que je venais tout juste de souffler ma première bougie.
Ma maman, qu’Allah la protège et la guide, a toujours tout fait pour que nous soyons à l’abri du besoin: beaux vêtements, beaux jouets, beaux repas… Ayant elle-même grandi dans la précarité auprès de parents quelque peu négligents et entourés de cinq frères et sœurs, elle s’est pliée en quatre pour nous offrir ce qu‘elle pensait être essentiel à notre bonheur.

Malgré tout, je garde de mon enfance un souvenir amer. Au niveau matériel, nous ne manquions de rien al hamdulillah. En revanche, au niveau affectif, je ne peux pas dire que nous ayons été comblés. Ma mère était souvent malade, trop préoccupée par les affaires de ce bas-monde, trop fragilisée par les épreuves de la vie et Dieu sait qu’elle en a subies.
Du coup, nous avons, mes frères et moi, transité en foyers, chez ma tante, ma grand-mère pendant que notre maman se battait avec ses vieux démons. Quand on était réunis à la maison, le climat n’était pas vraiment à l’apaisement: factures non payées, dettes, stress, conflits, cris… Inévitablement, mes grands frères et moi nous inquiétions de ses ennuis et partagions ses souffrances…

Pour moi qui n’ai connu que ça pendant des années, j’ai longtemps cru qu’il s’agissait de la normalité, le schéma classique qui régnait dans toutes les familles. Quand j‘entrai dans l‘adolescence, ma mère et moi ne faisions que nous éloigner. Je lui en voulais tellement de se rendre malheureuse pour des choses non essentielles. Elle, regrettait que je sois différente d’elle:
plus réservée, moins pimpante, je rêvais d’ailleurs. Mais j’étais bel et bien à la maison et nos relations ont été parfois explosives. Je le regrette aujourd’hui et j’essaie de me faire pardonner chaque fois que je peux.

Mes origines juives : mon lot de réconfort pour un temps

La seule chose qui nous rapprochait un peu c’était la religion: ma mère est juive séfarade par sa maman. Ma grand-mère est née à Sétif en Algérie, dans une famille très respectueuse de la religion du Livre. Son grand malheur, à mon sens, a été de se marier avec un Français qui l’a emmenée à Lyon et a exigé d’elle qu’elle mette de côté sa religion. L’éducation religieuse qu’a reçue ma mère était donc très pauvre, mais malgré tout, il restait une dimension culturelle importante.
Au moment du décès de ma grand-mère, ma mère a décidé de se rapprocher un peu du Judaïsme. Il s’agissait pour elle de faire revivre le souvenir de sa mère. Pour moi, qui l’ai suivie tout naturellement dans sa pratique naissante, c‘était cette envie d‘ailleurs qui se concrétisait. Je découvrais enfin autre chose: le jeûne, le repli dans un lieu d‘adoration, la quête de spiritualité. Je me mis donc à lire quelques livres sur le Judaïsme pour comprendre mieux ce qui m’attirait. Et puis plus rien…

Je ne sais pas comment l’expliquer mais mon engouement apparu soudainement s’est tout aussi vite essoufflé ; je retombais dans l’aspect culturel et identitaire: j’étais juive, je portais une belle étoile David en or, c’était pour moi une manière de m’affirmer, d’être différente. Mais sans plus.
Je n’étais pas convaincue, peut-être parce que la communauté juive que je rencontrais à la synagogue ne correspondait pas à ce que je recherchais; ils ne me ressemblaient pas, et je ne voulais pas leur ressembler. En disant cela, je tiens à préciser que je ne porte aucun jugement de valeur sur les juifs. J’apprécie toute personne juste, qu’importe d’où elle vient et qui elle est, et puis de toute manière je ne suis personne pour juger; je pense juste que le destin prévoyait autre chose pour moi.
Les quelques personnes de confession juive que j’ai rencontrées à la synagogue ne m’ont pas permis d’entretenir et d’aviver ma foi naissante. Ma soumission à Dieu devait se faire dans d’autres conditions, tout simplement.

Premiers contacts avec l’Islam

Et puis j’ai eu le bac, avec des notes médiocres, malgré mes très bons résultats tout au long de ma scolarité. J’étais mal dans ma peau, je n’avais pas confiance en moi. Sélectionnée pour rentrer en prépa HEC dans un établissement situé en centre ville, ma mère a accepté (après de longues et âpres négociations) que je quitte le domicile familiale pour prendre une chambre étudiante. Ces deux années d’études ont été très difficiles. Je pensais que m’émanciper de ma famille m’aiderait à aller mieux mais j’étais au plus mal.
Le seul aspect positif de ces deux années a été ma rencontre avec une ou deux personnes de ma résidence. Des personnes simples, honnêtes que j’admirais pour leur comportement et pour leur force de caractère. Quel était donc leur secret pour paraître si équilibrés? Je remarquais que cette expression apaisée sur leur visage était aussi celle d’autres femmes et d’autres hommes que j’avais croisés dans le passé où que j’observais dans la rue au quotidien. Toutes ces personnes avaient pour point commun apparent leur appartenance à la religion musulmane.

Intriguée, je posais vite des questions. Les réponses que je recevais me convainquaient, suscitaient davantage ma curiosité, et me donnèrent vite l’envie de lire des ouvrages sur le sujet. Des livres d’initiation qui m’apprirent les bases sur l’Islam et des livres sur la vie du Prophète (sallalla alayhi wa salam) qui faisaient naître dans mon cœur une grande admiration.
Parallèlement à cela, je visitais les familles de mes nouvelles amies musulmanes et me rendais compte qu’il régnait chez elles une ambiance tout à fait différente de chez moi: la paix, la sérénité, un respect sans faille et une extrême solidarité semblaient faire partie du quotidien… Comment ne pas être heureux dans de telles conditions? Dans mon cœur, tout devenait de plus en plus clair: je voulais être musulmane, et je l’étais déjà d’une certaine manière.
Mais ma tête me disait le contraire: comment allait réagir ma mère, pour elle qui était si fragile, ma reconversion allait être une véritable catastrophe, un affront, une trahison à nos origines…
Je décidai donc de m’armer de patience et d’en apprendre davantage sur l’Islam: j’augmentais mon courage en lisant des livres sur les premiers musulmans reconvertis qui avaient dû endurer la torture, affronter la mort de près pour enfin pouvoir vivre en paix avec leur nouvelle religion ; j’apprenais quelques sourates en vue d’une future pratique et je parcourais le Coran afin de m’imprégner de la spiritualité musulmane et d’être prête et ferme le jour où je devrais affronter les réticences de mes proches non-musulmans.

Ma reconversion à l’Islam, ma renaissance

Et puis le jour est venu où je me suis sentie prête : en présence de deux témoins musulmans, j’ai récité la Shahâda chez moi, après avoir fait un bain rituel. Même si dans mon cœur j’étais musulmane depuis un moment, j’étais heureuse et soulagée de pouvoir enfin concrétiser ce désir qui devenait un besoin. Concrètement, mes fautes passées étaient effacées aux yeux d’Allah et je pouvais repartir sur de bonnes bases. Je devenais musulmane, enfin, avec l’aide d’Allah. J’étais Jessica Dîna. Je restais et je reste Jessica car je n’ai pas honte de mon passé. J’ai fait des erreurs certes, je les regrette aujourd’hui mais grâce à Allah qui veillait sur moi (Jessica = « Dieu te regarde » en hébreu) ces erreurs ont aussi fait que je suis devenue Dîna (c’est-à-dire « soumise à Allah » en arabe).

Dans mon esprit, le fait d’être reconvertie m’ouvrait également les portes de la mosquée. En réalité, j’aurais très bien pu m’y rendre avant mais je n ‘avais pas osé, quand bien même j’attendais cela avec impatience, j’étais intimidée, je ne savais pas quel accueil allait m’être réservé. Finalement, al hamdulillah mon intégration à la Oumma s’est faite de la meilleure des façons : j’arrivai à la Grande Mosquée de Lyon, très à l’aise dans ma tenue de prière et ma pratique religieuse naissante, mais quand même un peu stressée du fait de mises en garde que j’avais reçues quelques fois de la part de musulmans: « Sois patiente, peut-être que tu ne rencontreras pas que des personnes accueillantes… Il se peut qu’on te renvoie à tes origines, qu’on te fasse sentir ta différence… » me disait-on. Je rétorquai que cela m’était égal car j’y allais uniquement pour prier et entendre le prêche de l’imam. Et au final, je n’avais vraiment aucune raison de m’en faire: je suis entrée dans la salle réservée aux femmes, toute intimidée, ai salué les sœurs situées à ma droite et à ma gauche puis ai pris place en attendant le début du prêche.

C’était le premier vendredi du ramadan 2010 (ou 1431), il y avait donc beaucoup de sœurs ma shâ Allah. Deux d’entre elles sont venues vers moi spontanément et avec une grâce qui leur est propre : « Salam aleykoum ma sœur, tu es toute seule ? » et puis nous avons discuté cinq minutes jusqu’à ce que que l’imam commence son prêche. Au moment de prier, j’ai sorti mes feuilles sur lesquelles j’avais noté les différentes étapes de la salât que je n’avais pas encore mémorisées. Cela n’a échappé à personne et un bon nombre de sœurs sont venues me féliciter, me souhaiter la bienvenue et m’encourager dans l’apprentissage de ma nouvelle religion. J’avais chaud au cœur, je ne m’attendais pas à un tel accueil !

A la sortie de la mosquée j’ai fait plus ample connaissance avec les deux sœurs: Sabrina et Fathia, qu’Allah les protège. Aujourd’hui grâce à elles j’ai fait la connaissance d’autres sœurs que je vois régulièrement et al hamdulillah, je suis vraiment très heureuse de les connaître. Je les aime toutes autant les unes que les autres. Ce sont vraiment des sœurs en or ma shâ Allah. Que Dieu préserve notre amitié et les récompense pour tout ce qu’elles ont fait pour moi. Le temps me manque ici pour vous parler plus en détails de mon intégration à la communauté, mais je ne peux pas manquer de préciser tout de même que dans mon cas, celle-ci a été aussi largement facilitée par ma belle-famille qui m’a tout de suite acceptée malgré ma différence culturelle et qui a toujours eu un comportement exemplaire avec moi. Qu’Allah les en récompense.

Ma vie de reconvertie, mon combat

Avec ma mère en revanche, c’était une autre paire de manches : je n’ai pas pu lui cacher bien longtemps ma reconversion étant donné que moins de trois mois après nous entrions dans le mois de ramadhân. Je jeûnais donc de l’aube au coucher du soleil et cela était pour le moins visible à l’heure des repas… !
J’ai donc dû prendre mon courage à deux mains et lui annoncer. En apprenant la nouvelle, elle a été plus que réticente : elle a ri nerveusement croyant à une mauvaise blague puis comprenant que ce n’était pas le cas elle n’a plus voulu m’adresser la parole. J’essayais de lui expliquer que ma reconversion m‘apaisait le cœur et ne changerait rien à notre relation, mais elle ne voulait rien savoir. Pour elle c’était sûr et certain: j’avais été embobinée. En plus, la mauvaise couverture médiatique de l’Islam n’arrangeait pas mon affaire. Si j’avais voulu me reconvertir, c’était certainement sous l’influence d’un homme manipulateur et sexiste qui me conduisait tout droit à une pratique extrémiste…Et puis le temps est passé…

Il y a eu des moments très difficiles je ne le cache pas: apprendre que je priais par exemple a été pour elle la preuve que je devenais extrémiste, cela l’a beaucoup affectée. Mon mariage religieux, c’est-à-dire en présence d’un imam et d’autres hommes de la mosquée, à l’écart des femmes, et mon wali -l’imam-, qui me représente et me donne en mariage alors qu’il est étranger à notre famille, c‘était trop pour elle. Au moment où la Fatiha a été récitée, elle a fondu en larmes et est sortie… Il faut dire que tout cela est très loin de son mode de vie et elle a eu parfois du mal à comprendre, et ce, malgré nos très longues conversations au cours desquelles je tentais de lui expliquer que toutes ces pratiques relèvaient de croyances personnelles qui rendent sereins et heureux ceux qui s’y conforment.

Je pense que ce qui l’embêtait le plus au final, c’était le regard des autres, le qu’en dira-t-on. Parce qu’elle remarquait que j’étais bien mieux dans ma peau depuis ma reconversion ; d’ailleurs personne n’aurait pu le nier, c’était tellement évident ! Mais elle avait peur de ce que les gens penseraient de nous: une famille qui se proclame juive haut et fort depuis toujours et dont la petite dernière s’est reconvertie à l’Islam, LA religion ennemie dont M6 et TF1 nous montrent les victimes chaque jour…
C’est là le problème de notre société d’apparences : l’attachement démesuré à ce que les voisins et les collègues de bureau penseront… Avec le recul, je comprends la détresse qui a été la sienne, je sais qu’elle a dû essuyer de nombreuses remarques désobligeantes à mon sujet et pour une mère qui a élevé seule ses trois enfants, cela a dû être très dur à supporter… Du coup, ce que les gens lui envoyaient comme méchancetés, c’est moi qui en faisais les frais à la maison : elle me disait que je lui faisais honte, qu’elle regrettait de m’avoir mise au monde…

Aujourd’hui, cinq ans après ma reconversion, beaucoup de choses ont changé et notre relation est au beau fixe ! Nous nous entendons beaucoup mieux et grâce à Dieu, nous avons résolu nos problèmes de démonstration affective : pour la première fois de mon existence, elle me dit et elle me répète souvent que je suis la plus belle chose qui lui soit arrivée, qu’elle espère que j’aurai des enfants qui me ressemblent… Elle apprécie aussi énormément mon mari alors qu’elle avait beaucoup d’appréhensions à son sujet au début.
Désormais, face à l’ignorance des gens, elle me défend et elle présente l’Islam comme une religion qui apporte des valeurs humaines précieuses, comme un îlot de solidarité humaine et d’intégrité dans un océan d’individualisme et de malhonnêteté…
Désormais, elle qui est si généreuse, elle me prépare le souhour quand je jeûne ; elle qui est si élégante, elle cherche pour moi des tenues adaptées à mon nouveau style vestimentaire ; elle qui est si attentionnée, elle prend soin de contrôler la composition des aliments qu’elle prépare pour moi, elle qui refuse les amalgames, elle me pose parfois des questions sur l’Islam…
Grâce à Allah qui est Celui qui exauce, elle s’est enfin rendu compte que l’Islam a été ma libération et désormais, si je prie, c’est pour qu’elle envisage un jour d’en faire la sienne…

Ô que j’aimerais que son cœur s’apaise et qu’elle goûte à la douceur de la foi…
In shâ Allah. Voilà mon histoire en résumé. Et même si dans un premier temps mon bonheur a pu apparaître un peu entaché par les réticences de ma maman, je vous assure que cela n’était rien quant à tout ce que cela m’a apporté depuis le premier jour où mon cœur s’est ouvert à cette noble religion.
Je me sens enfin libre, et à l’abri des malheurs car depuis que je suis musulmane je bénéficie de la meilleure des protections qui soit: ma foi en Allah. Il m’a formée et continue de me former après m’avoir réformée, Il m’a sécurisée, Il m’a facilité les épreuves, Il m’a entourée de belles personnes, Il me rapproche de tous mes frères et sœurs en humanité, Il m’aide à corriger mes défauts et à sublimer mes qualités et je ne désespère pas qu’Il me guide encore afin que peu à peu mon bonheur ouvre les yeux de ceux que j’aime parmi les non-musulmans.
A vous mes futurs frères et sœurs qui hésitez à franchir le pas, ne vous faites pas trop de soucis car Dieu est Grand et en faisant un pas vers Lui, Il en fera 10 vers vous. En plaçant votre confiance en Lui, Il vous facilitera assurément ! Courage, je suis de tout cœur avec vous !
As-salam aleykoum wa rahmatullah wa barakatuh.
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