C’est une première pour la ville de Champigny-sur-Marne (Val de Marne) : dans le quartier pavillonnaire de la rue Eugène Varlin, une école maternelle musulmane inspirée de la méthode Montessori (pédagogie repose sur l’éducation sensorielle et kinesthésique de l’enfant) va enfin voir le jour.
L’établissement, en cours d’acceptation par le rectorat, doit accueillir dès janvier une classe de 28 enfants de 3 à 6 ans, en plus des ateliers du mercredi, samedi et dimanche.
C’est deux jeunes femmes qui sont à l’initiative de ce projet. Originaire de Villejuif, Shakira est passée par l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) avant de baigner dans la méthode Montessori.
Inasse Bensassi, mère de famille à Maisons-Alfort, a été franchement séduite par cette nouvelle pédagogie à l’occasion d’ateliers ludiques organisés par Shakira. «Notre société répond trop aux attentes de nos jeunes par la répression. La méthode Montessori prône la tolérance et s’attache au développement de chacun»; explique Shakira.
« Cette approche pédagogique permet de revenir à la tolérance des récits des prophétiques »; ajoute Inasse Bensassi.
« Nous acceptons tous les enfants, quelle que soit leur religion et la manière de la pratiquer. Lorsque les gestes de prière des enfants ne sont pas les mêmes que les nôtres, nous leur indiquons que ce n’est pas grave, que chacun peut avoir sa manière de pratiquer en fonction de son courant »; insiste Shakira.
« L’initiation à la religion ne représente qu’une partie de l’enseignement. Notre objectif est d’éveiller les enfants sur tous les plans »; assure Inasse Bensassi.
Des objets pédagogiques variés qui iront de l’apprentissage au geste de l’écriture jusqu’à ceux du quotidien, comme faire ses lacets ou déboutonner son manteau.
L’implantation de l’école musulmane dans le quartier n’a toutefois pas fait l’unanimité. Une cohabitation compliquée à en croire la montée ahurissante du Front National.
L’agacement des habitants, Inasse en a fait les frais.
« Il y a quelques semaines, on m’a crevé mes pneus de voiture. Je m’en suis rendue compte arrivée sur l’autoroute et ai dû me ranger d’urgence sur le côté avec mes enfants derrière. Nous sommes conscients que la présence de notre établissement peut poser des problèmes de stationnement et de circulation. Nous essayons de proposer des solutions en invitant les parents à faire du covoiturage et à sa garer à côté de la gare »; témoigne la directrice de l’école.
De son côté, la ville travaille sur une proposition de relocation future du centre dans un lieu un peu plus “excentré” du quartier pavillonnaire.
« Mais il est inadmissible d’associer Islam et “djihadisme”. Nous luttons pour le vivre ensemble et le respect de chacun de croire ou de ne pas croire »; précise-t-on au cabinet du maire.