Lors de la 32ème rencontre des musulmans au Bourget, Dalil Boubakeur a fait une annonce, qui a depuis fait polémique surtout au sein des milieux islamophobes, où il a déclaré qu’il souhaitait voir doubler le nombre des mosquées en France d’ici deux ans, estimant à juste titre que pour 7 millions de musulmans le nombre actuel de lieux de culte n’est pas suffisant.
Son discours, qui semble pour le plus gros politique, ne trompe pas à quelques mois de son possible remplacement à la tête du nouveau CFCM (ancien-nouveau bébé de l’État) cependant il pointe un réel dilemme quasi quotidien pour nombres d’entre nous.
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Pour le FN, et le contraire serait étonnant, on estime que les 2.200 mosquées sur le territoire sont largement suffisantes puisque pour eux, même si toutes les mosquées ne sont pas des lieux de radicalisation, « 100% de ces lieux sont des mosquées », le gouvernement lui est d’accord dans les grandes lignes avec Mr Boubakeur.
Ce raccourci plus que rapide fait par le FN demanderait certainement une approche plus large du sujet. Mais si l’on s’arrête sur cela, combien de lieux de culte ne sont pas décents pour pratiquer au mieux sa religion ?
Combien de fidèles prient encore en pleine rue ?
Combien de salles de prière ne sont pas aux normes ?
Et combien ont été fermées en laissant les gens sans endroits ?
Ces petites choses peuvent, elles, contribuer à un malaise et à l’augmentation du sentiment de stigmatisation et de pression et parfois malheureusement de radicalisation.
Mais encore une fois, rester sur cette optique, à savoir que ce sont les lieux de culte qui font la radicalisation, minimiserait grandement le rôle de l’État ou plutôt son non-rôle dans ses devoirs sociaux et moraux dans les milieux défavorisés où comme le stipule Mr Valls «l’apartheid règne».
À Marseille la Oumma connaît bien ce problème de manque plus que criant d’endroits et de places pour pratiquer son culte et en particulier pour la prière du vendredi.
Dans une ville qui compte 200.000 musulmans, soit un quart de la population, les dérives ne manquent pas.
Sur les 68 salles ouvertes et officielles, un grand nombre d’entre elles sont définitivement insalubres, le problème des salles de prière est une réalité quotidienne pour la oumma marseillaise. Déjà en mars dernier et ce pour des raisons de sécurité, deux salles, dont une en centre-ville, ont été fermées.
« Nous avons des salles de prière qui ne répondent pas aux normes de sécurité, et où les gens même, ils prient dans la rue », a déploré Abderrahmane Ghoul, vice-président du Conseil régional du culte musulman de PACA, au micro de la radio RTL.
« Ce n’est pas par plaisir mais par manque », a-t-il ajouté. « Sur les 60 salles qui existent, seules trois sont aux normes et certaines sont même frappées par des ordres de fermeture. Dieu merci, la municipalité et les autorités ferment un peu les yeux mais ça ne peut pas durer », a-t-il dénoncé.
Le problème du financement se pose aussi, puisque l’État Français interdit les financements étrangers, mais pour Abderrahmane Ghoul ce n’est pas un souci, l’argent il y en a, il faut juste le prendre.
« Il y a des ressources. La viande Halal, par exemple. Les grandes boucheries paient une taxe. Avec elle, on peut avancer de grands projets », estime-t-il.
Un dernier petit souci se pose, si jamais la oumma trouve les financements et que des projets voient le jour. Quelle organisation permettrait la mise en route de ces projets ?
Et qui en ferait le suivi ?
Il ne faut pas se le cacher, la oumma elle-même se tire souvent une balle dans le pied comme c’est le cas en ce moment à Évreux, où une simple assemblée générale extraordinaire a fini dans les larmes et les cris. Pourtant un grand projet de mosquée aurait dû rassembler…