« Nous sommes au regret de vous informer que nous n’avons plus convenance à maintenir la relation de compte que nous avons avec vous et que nous souhaitons y fixer une échéance prochaine. Ainsi nous vous prions de noter qu’elle prendra fin dans 60 jours, soit le 12 mars, date à laquelle votre compte sera clôturé ».
Voilà le type de courrier que le président de l’Organisation des musulmans de la Côte d’Azur a reçu le 12 janvier. Sans aucune explication, le compte de l’association, créditeur depuis 15 ans, a été clôturé par la Société Générale, nous apprend le site de Nicematin.
« L’association existe depuis 1998, date à laquelle nous avons ouvert notre compte à la Société Générale » précise Zoubir Zehouia, président de l’OMCA. Depuis, ce compte « n’a jamais subi le moindre, le moindre chèque rejeté. Le solde a toujours été créditeur, jamais débiteur en plus de 16 ans », a-t-il ajouté.
La communauté s’indigne, suscitant l’interrogation des membres de l’association musulmane. C’est alors que ces derniers ont contacté la banque afin d’exiger des explications. « Nous sommes surpris d’une telle décision qui, d’autant plus, intervient juste après les tragiques attentats contre Charlie Hebdo. Recevoir cette nouvelle en de telles circonstances provoque en nous une incompréhension mêlée de suspicions concernant un possible amalgame ».
En réponse, le directeur du groupe a reçu l’association la semaine dernière. « Un homme très correct qui nous a simplement dit que c’était des directives de sa direction. Alors, j’ai insisté et il a fini par me dire que, peut-être, à son avis, c’est parce que l’on recevait des dons en liquide », rapporte le président d’OMCA.
Une raison qui n’a pas l’air de conforter l’association : « On fait la quête deux fois par mois et il y a dans la mosquée une petite urne pour les dons. On ne va pas demander un chèque aux gens pour un ou deux euros? Et puis, c’est pareil à l’église, non? » S’indigne-t-on.
Sur les réseaux sociaux, l’information n’est pas non plus passée inaperçue et a soulevé l’indignation de la communauté musulmane, qui s’est transformée en un appel au boycott de la banque. En réaction, certains ont même été jusqu’à clôturer leur compte chez la Société Générale.
« Nous ne contestons pas la décision, elle est légale, mais nous voulons des explications, car nous aimerions lever les doutes sur les vraies raisons de cette clôture de compte », lâche Zoubir Zehioua.
L’OMCA se dit « humiliée » et envisage de réunir son bureau rapidement et de mener une opération de sensibilisation aux abords de la banque en distribuant des tracts.
La communauté dénonce une stigmatisation et une injustice: « Notre association œuvre depuis près de 20 ans sur le terrain, le français est la langue prédominante depuis le début. De même, depuis le début nous avons été très vigilants sur la radicalisation et nous œuvrons contre. Aujourd’hui l’opprobre nous est jetée dessus par cette discrimination intolérable ».
Cette affaire ne semble pas être un cas isolé. Souvenez-vous : en août dernier, l’organisation humanitaire islamique BarakaCity, dont le siège social est basé dans l’Essonne, avait subi le même sort. Les comptes de l’association ont été fermés par la Société Générale ainsi que par le CIC.
En 2013, l’association affichait plus 3 millions de dons. Tout comme l’OMCA des Moulins, les organisateurs se sont posé beaucoup de questions, restées sans réponses.
En effet, la banque a honteusement réagit de la sorte: « La Société Générale a pour règle de ne pas commenter sur les cas particuliers pour des raisons de confidentialité ».
L’année dernière, cette banque avait également sans motif décidé de fermer subitement le compte de la Mosquée de Noisy-le-Grand.
