C’est une terrible affaire d’injustice que nous relayons. Mercredi 14 janvier, un homme de 28 ans, handicapé mental,est jugé pour apologie du terrorisme. Le tribunal de Bourgoin-Jallieu le condamne à six mois de prison ferme !
Aikel est accusé d’avoir dit « Allahou akbar » devant les policiers qui patrouillaient dans les rues de la ville. Selon la police, il aurait dit: « Ils ont tué Charlie, moi j’ai bien rigolé. Par le passé ils ont déjà tué Ben Laden et de nombreux frères… Si je n’avais pas de père ni de mère, j’irais m’entraîner en Syrie ».
Ce qu’ont manifestement omis de préciser la justice, la police, ainsi que les média-poubelles prêts à sauter sur chaque occasion pour pointer du doigt les musulmans, c’est que cet homme a beau avoir 28ans, il pense et réagit comme un enfant de seulement 13 ans !
« C’est quelqu’un d’immature qui a une altération de son discernement et qui est relativement fragile. Il est suivi par un psychiatre », affirme à Vivre FM Me Catherine Perbet son avocate.
« Le rapport de l’expert a reconnu une altération du discernement. Dans ce cas, le prévenu peut être condamné, » a-t-elle ajouté.
Pour le tribunal de grande instance de Bourgoin-Jallieu, ses propos entrent dans le cadre de la loi qui punit l’apologie du terrorisme. Interpellé lundi 12 janvier à son domicile, Aikel (1) est jugé mercredi.
Voici le témoignage de la maman d’Aikel, recueilli par le mouvement d’entraide entre musulmans “Plus jamais ça”
« Salam’Aleykum mes frères et sœurs, Je vous écris aujourd’hui le cœur brisé. Je vais partager avec vous mon histoire, l’histoire qui a fait qu’aujourd’hui je me retrouve à vous écrire, celle de mon fils. Mon fils a été condamné à six mois de prison ferme pour apologie du terrorisme et pas un jour ne passe sans que je m’inquiète des conséquences de leurs actes sur lui.
Nous habitons à Bourgoin-Jailleu, dans l’Isère. A première vue, on ne peut se douter que mon fils n’est pas comme tout le monde. Il est grand ma sha Allah, et même si il est influençable et immature, il est généreux et a bon cœur, toujours prêt à aider si il voit une maman en difficulté avec ses courses, ou une personne ayant besoin d’un coup de main. Mais mon fils a un handicap mental, et ce handicap est reconnu par l’état puisqu’il bénéficie de l’Allocation Adulte handicapé. Il ne sait ni lire, ni écrire, et a parfois des difficultés à répondre aux questions comme le prouve les articles de journaux.
Les policiers disent qu’il a dit «Allahou akbar», mais dans quel contexte? Je pense qu’ils en ont beaucoup rajouté, voulant profiter de la situation. Je ne vois pas mon fils parler de Mohamed Merah, ou Ben Laden. Comment pourrait-il parler de la Syrie, alors qu’il ne saurait même pas la situer sur une carte?! Le pire, c’est que j’ai signalé aux psychiatres des organismes qui le suivent que mon enfant a été perturbé par l’affaire Charlie Hebdo, je leur ai dit d’en parler avec lui. Personne n’a agit. N’importe quelle personne mal intentionné aurait pu lui donner quelque chose ou le prendre au défi de faire et de dire quelque chose devant les policiers, vu son état il l’aurait fait sans avoir même conscience des conséquences qui aurait pu en découler!
Plusieurs policiers sont venus au domicile de mon ex-mari. Mon fils a été frappé, il est resté trois jours en garde à vue et personnes, ni médecins ni avocats, ne pouvaient le voir car pour le commissariat de Bourgoin-Jailleu l’apologie du terrorisme c’est traité comme du terrorisme! Ils ont arrêté et maintenu en garde à vue mon fils faible et influençable, n’ayant pas conscience de ses actes et sans nous permettre aucuns contacts avec lui!
J’ai appelé partout: assistante sociale, la Maison de Justice, les psychiatres en charge de mon fils … J’ai réclamé une expertise médicale car mon fils est malade, ils ne pouvaient pas faire ça! Mais elle n’a eu lieu que le troisième jour de sa garde à vue. Le jour du jugement, j’ai vu mon fils avoir un malaise. Les policiers murmuraient «chuuutt» à mon fils, pour ne pas qu’il parle. Pour qu’il se taise car il a été victime de violence policière. La police l’a tapé, il l’a déclaré à son avocate, mais la police a nié bien entendu.
Ce n’est malheureusement pas la première fois en plus, que mon fils handicapé et vulnérable est victime de violences policières. Comme à leur habitude, les policiers ont appelé leur arme de propagande ultime : Le Dauphiné libéré, qui s’est fait un plaisir de rédiger un article diffamatoire sur mon enfant (comme pour l’affaire Msakni). Je suis désespérée, le psychiatre de la prison m’a appelé pour me dire que mon fils va mal, que son moral est au plus bas.
J’ai peur que tout ça ne l’achève, qu’il ne se fasse du mal face au désespoir et ne mette fin à ses jours. Je n’avais pas pu voir mon fils depuis longtemps, depuis un mois je n’ai plus de nouvelles de lui et ne peux plus le voir. Toutes mes demandes de parloirs restent sans réponses. Dans certains articles vous verrez, même le procureur dit regretter la comparution immédiate. Mais si c’est le cas, pourquoi ne fait-il pas un geste? »
“Plus jamais ça” a lancé (avec l’accord de la famille), l’opération #JusticePourAikel
Envoyons à la garde des Sceaux un message fort, celui de notre union face à l’injustice que vit notre frère!
« Madame, Monsieur,
Je me permets de vous écrire parce que je manifeste de très vive inquiétudes. La justice française dérive, et elle dérive dangereusement pour les musulmans. Aujourd’hui, un jeune handicapé, reconnu comme tel par l’état puisqu’il bénéficie de l’AAH, dort actuellement en prison depuis le 14 Janvier. Aikel est connu à Bourgoin, et le commissariat de Bourgoin n’ignore pas ce fait. Ce jeune homme est incarcéré pour apologie du terrorisme.
Mais que connaît-il de l’apologie, voir même tout simplement du terrorisme lui qui a des soucis avec les repères spatio-temporels ? Monsieur Cédric CABUT, procureur de Bourgoin Jallieu, estime que le prévenu était conscient de la
provocation, mais en saisit-il le sens profond?
Que comprends-t-on des conséquences et des enjeux de ses propos, quand
on a déjà bien du mal à répondre à des questions simples et à saisir le monde qui nous entoure?
Comment peut-il signer un procès verbal alors même qu’il ne sait ni lire ni écrire?
L’OMS, dans sa classification internationale des maladies définit la déficience mentale comme : arrêt du développement mental ou un développement mental incomplet, caractérisé par une insuffisance des facultés et du niveau global d’intelligence, notamment au niveau des fonctions cognitives, du langage, de la motricité et des performances sociales.
Le manque d’inhibition sociale étant une des caractéristiques majeures de ce trouble.
Au vu de ces faits, pourtant simple, en sachant qu’en plus Aikel a été reconnu comme ayant consommé de l’alcool, il nous paraît naturel qu’il n’a pas sa place en prison.
Réagissez, s’il vous plait, ne le laissez pas dans un environnement dangereux et inadapté, les conséquences pourrait-être fâcheuse et il en va de votre responsabilité!
En attendant que l’association en charge du dossier utilise les voies de recours communes permettant le rétablissement de ses droits, transférer Aikel en unité psychiatrique ou il sera en sécurité, loin de vrais prisonniers dangereux où sa vie et son intégrité physique sont menacées.
En attendant que ses droits soient rétablis, permettez à Aikel de voir sa mère, lui qui n’a pas eu de parloirs depuis sa mise en détention et qui n’a qu’un petit sac de vêtements que sa maman a eu l’idée de lui amener lors du jugement.
Ne laissez pas cette lettre sans réponses, si il lui arrivait quoi que ce soit à cause de votre négligence, vous auriez votre responsabilité engagée… »
Line pour écrire à la garde des Sceaux :
http://www.justice.gouv.fr/…/questions-au-garde-des-sceaux-…
Vous pouvez également l’envoyer à la mairie de Bourgoin Jallieu :
http://www.bourgoinjallieu.fr/contacts
Mobilisons-nous pour notre frère !
#JusticePourAikel