“The Edge of bazaar” est un documentaire poignant sans parole, celle-ci n’étant pas nécessaire pour expérimenter la vie rurale de nos frères Ouïghours, communauté turcophone chinoise habitant principalement dans le Xinjiang.
Ce documentaire fait partie d’une tendance au sein de la jeunesse Ouïghour qui souhaite montrer au monde une autre vision que celle tronquée par les médias officiels chinois qui s’exercent à faire passer tous les Ouïghours pour des “terroristes”.
Ce qui amène le pouvoir communiste chinois à des persécutions et humiliations quotidiennes sous prétexte de combattre ce “terrorisme”.
Auparavant il fallait obligatoirement passer par le ministère de la culture chinois, aujourd’hui ces nouveaux documentaires ou courts-métrages sont produits indépendamment, avec des budgets limités par de jeunes cinéastes qui ont une connaissance intime de leurs sujets. La plupart ayant grandi dans la campagne rurale, ils ont pu constater sous leurs yeux la disparition d’un mode de vie authentique.
Les nouvelles technologies et leur facilité d’utilisation ainsi que leur abordabilité sont une part importante de ce nouveau mode de réalisation.
Caméras, smartphones, logiciels pour le montage numérique tous ces outils facilitent l’émergence de nouveaux cinéastes pleins de talent et ayant beaucoup de choses à montrer.
Voilà ce qui a poussé deux jeunes étudiants cinéastes, Abdukadir Upur et Dilmurat Tohti, à faire ce reportage à Qargilik dans le sud de la préfecture de Kashgar où ils ont pu filmer la façon dont des artisans transforment de simples matières premières telles que le bois, roseaux et autres roches en un bel objet pouvant être vendus sur le marché local hebdomadaire.
Dans le film, on voit des hommes qui ont travaillé pendant des décennies dans les mêmes métiers, ayant reçu peu d’éducation, nous voyons l’habileté avec laquelle leurs mains peuvent travailler le bois ou le roseau et ce avec très peu d’outil pour produire quelque chose de précis et de beau.
Nous voyons des hommes qui connaissent le désert, les plantes et les arbres avec l’intimité d’une personne ayant vécu près de la terre sur une longue période de sa vie.
Il y a dans ce documentaire une beauté du rythme de la vie, qui pourrait très sincèrement se rapprochait d’une poésie visuelle, une poésie du mouvement, de la forme et de la dure réalité de l’environnement qui se trame aux périphéries des villes.
Donc un très beau documentaire qui nous livre un peu plus la réalité de la communauté musulmane Ouïghour. Communauté que le gouvernement chinois aimerait voir disparaître.