Dès septembre 2021, les étudiants inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur ou de promotion sociale qui dépendent du pouvoir organisateur Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) auront le droit d’afficher des signes convictionnels dans le cadre de leurs cours.
C’est ce qu’ont décidé de manière conjointe Julien Nicaise, administrateur général de WBE, le conseil d’administration du pouvoir organisateur et les directions des hautes écoles, des écoles supérieures des arts et des instituts d’enseignement de promotion sociale qui dépendent de ce PO.
« Deux principes ont guidé notre réflexion. Premièrement, les écoles officielles ont toujours eu pour tradition d’accueillir tous les étudiants, quelles que soient leurs caractéristiques. Ensuite, il nous est apparu nécessaire de réaffirmer les valeurs de tolérance et d’émancipation des jeunes adultes en faisant évoluer le principe de neutralité pour le rendre plus inclusif. On demande donc aux établissements de modifier leur règlement dans le sens d’une autorisation des signes convictionnels sauf si des raisons d’hygiène, de sécurité ou des exigences pédagogiques justifient leur interdiction », a expliqué Julien Nicaise.
Cette nouvelle mesure profiterait à 50 000 étudiants et étudiantes. Même si elle concerne tous les signes religieux, le responsable estime que c’est surtout le port du voile qui est visé : « Je ne vais pas être hypocrite, on sait bien que c’est surtout le voile qui est concerné. On a tous un avis personnel sur le sujet mais dans ce cas précis, c’est l’intérêt général qui a primé avec la volonté d’inclure les femmes qui portent un voile. On sait bien qu’un diplôme est un passeport indispensable pour l’emploi et l’inclusion en général. Les femmes inscrites en promotion sociale ou dans l’enseignement sont adultes, il est logique de ne pas les refuser et de privilégier une forme de neutralité qui permet de les inclure », précise Bladi.
En ce qui concerne l’enseignement obligatoire, il a assuré qu’il n’y a aucun changement en vue à ce stade. « Pour les mineurs, on continue à appliquer la règle tacite qui consiste à laisser la liberté aux écoles de décider d’autoriser ou pas les signes convictionnels. On n’a pas souhaité ouvrir la réflexion à l’enseignement obligatoire car ça nous semble plus délicat. Nous ne sommes pas mûrs », a-t-il certifié.
« Ne pas autoriser le port du voile dans l’enseignement supérieur revient à briser les élans de milliers de femmes. L’enseignement et l’emploi sont les principaux vecteurs d’émancipation dans notre société. Si on exclut les femmes musulmanes en raison du voile, il faut être conscient qu’on leur inflige une forme de violence morale et économique. En autorisant les femmes voilées à faire des études supérieures, on envoie au contraire un formidable message d’espoir à tout un pan de la société », a commenté Mustapha Chaïri, président du Collectif contre l’islamophobie en Belgique (CCIB).