Islam de France a étudié la liste des prénoms donnés en France depuis 1900, afin d’établir celle des prénoms arabo-musulmans et en suivre l’évolution. La présente étude sur les prénoms arabo-musulmans en France, vise à décrire et analyser les trajectoires et évolutions des choix des prénoms donnés aux nouveau-nés en France, depuis 1900 à 2020.
La présente étude se veut un exercice objectif d’analyse et d’interprétation des données statistiques officielles, loin de toute polémique partisane. Les explorations statistiques des données de l’Insee croisées avec les listes des prénoms, permettent de tirer plusieurs conclusions.
Seulement 11,7% de nouveau-nés ont reçu un prénom arabo-musulman en 2020
Les statistiques montrent clairement, que même si le nombre de prénoms « arabo-musulmans » a progressé depuis 1960 (2,24%), il ne représente aujourd’hui (en 2020), que 11,74% des prénoms attribués en France, en deçà des prénoms « français » dont la proportion est de l’ordre de 21,73%, loin derrière les prénoms « étrangers », qui dominent les choix des français avec près des deux tiers, soit 66,54% du total des prénoms attribués en 2020.
En effet, ce sont 83 703 prénoms arabo-musulmans qui ont été attribués parmi les 713 273 prénoms recensés en 2020 en France.
Baisse de 7% sur les trois dernières années des prénoms arabo-musulmans
L’exploitation et l’analyse des données, font apparaitre une baisse constante sur trois années consécutives, de la fréquence d’attribution des prénoms arabo-musulmans : 12,10% en 2017, 12,03% en 2018, 11,95% en 2019, et 11,74% pour 2020. En nombre, on est passé de 90 317 prénoms arabo-musulmans attribués en 2017 à 83 703 prénoms en 2020, soit une baisse de 7% sur les trois dernières années.
Sur un plan local, la variation sur deux ans est négative pour la quasi-totalité des départements affichant plus de 10% de nouveau-nés portant des prénoms arabo-musulmans.
En analysant de plus près les départements historiquement destination de l’immigration maghrébine, les Bouches du Rhône et le Rhône sont en recul sur au moins trois années.
Une dominance écrasante des prénoms étrangers
La baisse des prénoms français observée à travers l’analyse des statistiques n’est guère causée par l’évolution des prénoms arabo-musulmans. La proportion moyenne durant la période 1945-1966, ne constituait que 2% de l’ensemble des prénoms en usage en France (de 2,3% en 1950 à 2,8% en 1966, en rouge dans le graphe).
Cette évolution des prénoms étrangers autres que les prénoms arabo-musulmans, qui s’est faite au détriment des prénoms français (en vert dans le graphe), s’est accentuée après la promulgation de l’instruction de 1966 et de la loi de 1993 libérant le choix des prénoms, faisant passer la proportion des prénoms étrangers de 7% en 1966 à 36% en 1993 pour atteindre 66,54% en 2020.
Conclusion
Notre étude basée sur l’interprétation des données statistiques, met en exergue le recul des prénoms arabo-musulmans. Peu importe la proportion de ces prénoms dans la société, c’est la tendance baissière sur plusieurs années qui devrait interroger les spécialistes (sociologues, statisticiens).
La prédominance des prénoms étrangers au détriment des prénoms « français » nous invite à repositionner cette question du « prénom », dans le contexte de la mondialisation et l’immigration massive des européens (2 millions en 2020).
La liberté de choix dont jouissent les français (depuis 1993) et l’ouverture sur le monde, et la sensibilité des peuples immigrés à cette même mondialisation rend le travail et l’analyse des prénoms de plus en plus complexe et les résultats plus nuancés.