Les Palestiniens de Cisjordanie occupée ont évalué lundi le coût de la violence meurtrière et des incendies criminels commis par des colons israéliens visant une ville où deux frères israéliens ont été tués.
Des dizaines de colons israéliens ont incendié des maisons et des voitures dans la ville septentrionale de Huwara pendant la nuit, après une journée de pourparlers israélo-palestiniens dans la Jordanie voisine visant à étouffer une flambée de violence dans le territoire palestinien, rapporte le MEMO.
Pogrom on Huwara! #Israeli settlers are beating up & stabbing Palestinians, burning dozens of cars, shops, homes & farms. They attacked 3 ambulances.
Over 100 Palestinians wounded.
IDF placed the town under siege.Not a word from Israel’s gov!
Zero international condemnations! pic.twitter.com/FEBHsSc9hQ— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) February 26, 2023
Plus de 350 Palestiniens ont été blessés, la plupart souffrant d’inhalation de gaz lacrymogène, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien.
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré que Sameh Aqtash, 37 ans, avait été abattu lors d’une attaque des forces israéliennes et des colons contre le village voisin de Zaatara.
La violence est survenue quelques heures après que deux colons israéliens, les frères Yagel Yaniv, 20 ans, et Hallel Yaniv, 22 ans, ont été abattus dimanche alors qu’ils traversaient Huwara.
Lundi, un photographe de l’AFP a vu des maisons endommagées noircies par le feu, de longues files de voitures carbonisées, des arbres brûlés et des vitres brisées dans la ville.
« Ils ont brûlé les voitures et les maisons et ont tout détruit », a déclaré Diaa Odeh, un habitant de Huwara.
« Chaque fois que nous commencions à repousser les colons, l’armée nous lançait des gaz lacrymogènes », a ajouté le jeune homme de 25 ans.
Wajeh Odeh, membre de la municipalité de la ville, a déclaré que 30 maisons avaient été incendiées et endommagées tandis que plus de 100 voitures avaient été incendiées.
Abdel Moneim Aqtash a déclaré que son frère et lui se tenaient devant l’atelier d’un forgeron lorsqu’ils ont été attaqués par des colons israéliens.
« Ils ont quitté la région puis sont revenus avec l’armée d’occupation [israélienne]… L’armée a tiré sur mon frère, pas sur les colons », a-t-il déclaré à l’AFP.
L’armée a déclaré à l’AFP qu’Aqtash « n’a pas été abattu par un soldat israélien ».
Yoav Gallant, ministre de la Défense du nouveau gouvernement de coalition de droite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’il s’attendait à « des jours difficiles à venir » et avait ordonné le renforcement des troupes.
« Cela étant dit, j’appelle tout le monde à rétablir le calme… Nous ne pouvons pas permettre une situation dans laquelle les citoyens prennent la loi en main », a-t-il déclaré.
L’armée israélienne a déclaré à l’AFP que personne n’avait été arrêté pour l’incendie criminel ou le meurtre d’Aqtash.
La recherche des hommes armés qui ont tiré sur les deux frères était en cours.
La violence est survenue quelques jours après que les forces israéliennes ont lancé leur raid le plus meurtrier en Cisjordanie en près de 20 ans, qui a coûté la vie à 11 Palestiniens dans la ville voisine de Naplouse.
Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale et colon d’extrême droite, a déclaré que le meurtre des frères Yaniv « doit nous apprendre que nous sommes en guerre ».
« Je comprends la douleur, mais nous ne devons pas nous faire justice nous-mêmes », a-t-il déclaré.
La Cisjordanie abrite environ 2,9 millions de Palestiniens ainsi qu’environ 475 000 colons juifs, qui vivent dans des colonies approuvées par l’État et considérées comme illégales au regard du droit international.
L’armée israélienne a déclaré avoir évacué des dizaines de Palestiniens de leurs maisons menacées par les incendies à Huwara.
Le bureau du président palestinien Mahmoud Abbas a accusé Israël de « protéger les actes terroristes perpétrés par les colons » en Cisjordanie.
Le Hamas, le groupe militant qui dirige Gaza, a appelé les Palestiniens « à défendre la ville de Naplouse et à repousser le terrorisme des colons ».
Les groupes de défense des droits israéliens BTselem et Peace Now ont déclaré que l’attaque de Huwara équivalait à « un pogrom ».
La violence de dimanche est survenue au milieu des pourparlers en Jordanie, où les responsables israéliens et palestiniens se sont engagés à travailler pour empêcher de nouvelles violences.