En début de semaine dernière, la préfète de l’Oise, Corinne Orzechowski, a envoyé une lettre à l’association Espoir et Fraternité qui gère le lieu de culte de Beauvais (Oise). Elle y indiquait qu’elle envisageait de fermer la mosquée pour une durée pouvant aller jusqu’à six mois. Le prêche de l’imam principal serait en cause. Selon la préfecture, il aurait « incité à la haine, à la violence et il aurait fait l’apologie du djihad ».
Les responsables de cette mosquée ont jusqu’à lundi prochain, le 20 décembre, pour tenter d’éviter la fermeture. Ce fidèle qui y vient depuis 23 ans : « D’être six mois sans mosquée, c’est grave quand même, on va être malheureux. J’espère qu’il y aura un arrangement, voir avec l’imam là où il a dévié, fait une erreur ou quoi que ce soit. Je pense qu’il y a une justice derrière tout ça », confie cet homme.
Incompréhension générale
Peu après la fermeture, quelques musulmans sont venus pour voir si le culte aurait quand même lieu. Ils sont repartis sous le choc de la nouvelle. « Pour nous, c’est quelqu’un de bien », explique l’un d’entre eux. « On n’a jamais entendu tout ce qui est dit. Depuis qu’il est là, on est content de lui », confie l’un des habitués de la mosquée, qui gardait une bonne image de l’imam ciblé dans le document des services de renseignement.
« Ça n’a jamais été dans le radicalisme ou un truc comme ça », acquiesce un autre fidèle sur Europe 1. « Du fait d’une erreur d’un imam que nous, on ne connait pas, d’un nouveau, eh bien ils nous ferment la mosquée qu’on a depuis des années. C’est frustrant », regrette-t-il. La Grande mosquée de Beauvais pourrait rester fermée six mois. L’association qui gère le culte a désormais dix jours pour venir se défendre auprès de la préfecture de l’Oise.
Après la notification de la préfecture de l’Oise, les responsables de la mosquée ont désormais dix jours pour répondre et faire leurs remarques. Ce n’est qu’après que la préfète prendra la décision de fermer administrativement ou non, par arrêté, la mosquée de Beauvais.
Mais déjà l’avocat de l’association Espoir et fraternité qui gère la mosquée, Me Samim Bolaki fait savoir dans un communiqué que « L’imam a été suspendu pour le moment. La mosquée entend œuvrer et travailler pour le vivre ensemble comme elle l’a toujours fait. Nous allons adresser nos observations à la préfecture et suivrons les suites de la procédure. »
