Pour rappel, le conseil des ministres indien a adopté un texte dont l’objectif est d’amender la loi sur la nationalité de 1955.
Le but réel est d’amender la Constitution et de rompre définitivement avec le principe de laïcité du pays et il vise plus spécifiquement et surtout les communautés musulmanes indiennes.
Le « Citizenship Amendment Bill » régularise des réfugiés venus d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh et leur accorde la nationalité sur des critères religieux, à l’exception des musulmans.
Dans le pays, six personnes ont déjà trouvé la mort depuis la semaine dernière dans le nord-est de l’Inde lors de manifestations contre la réforme du gouvernement sur la citoyenneté.
Quatre personnes sont décédées à l’hôpital après avoir été touchées par des balles tirées par la police, ont annoncé les autorités. Une autre personne a péri dans l’échoppe où elle dormait qui a été incendiée. Une sixième a été battue à mort pendant une manifestation.
La tension demeurait forte dans la plus grande ville de l’État d’Assam, Guwahati, où 5.000 personnes ont manifesté dimanche.
La circulation des trains a été suspendue dans certaines parties de l’Est du pays à la suite de violences dans l’État du Bengale occidental où des manifestants ont incendié des trains et des cars, brûlé des pneus, et organisé des sit-in sur les routes et les lignes de chemins de fer.
Le chef du gouvernement de l’État du Bengale occidental, Mamata Banerjee, a suspendu l’internet dans plusieurs districts.
A New Delhi, plusieurs autobus ont été incendiés et des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient des policiers tirant des gaz lacrymogènes sur des manifestants.
La police est également entrée dans l’Université de Delhi Jamia Millia Islamia après les affrontements et a saccagé deux mosquées et procédé à plusieurs arrestations, bien que l’établissement ait affirmé que ses étudiants n’avaient pas pris part aux désordres.
En solidarité avec les élèves de Jamia, des étudiants ont défilé dimanche soir dans de nombreuses universités indiennes, de Delhi à Bombay, d’Hyderabad à Patna en passant par Calcutta.
Le ministre de l’Intérieur Amit Shah a de nouveau lancé dimanche un appel au calme, alors que certains redoutent un afflux d’immigrants du Bangladesh.
La culture, la langue, l’identité sociale et les droits politiques de nos frères et sœurs du Nord-Est demeureront.
L’opposition et des organisations de défense des droits de l’homme estiment que cette loi fait partie du programme ultranationaliste du Premier ministre Narendra Modi visant selon elles à marginaliser les 200 millions d’Indiens musulmans.
Des organisations de défense des droits de l’homme et un parti politique musulman ont déposé un recours contre la loi devant la Cour suprême, en arguant qu’elle est contraire à la Constitution et aux traditions séculaires indiennes.
La vidéo :