Le Ministère de l’éducation saoudien a apporté une série de modifications à ses manuels d’histoire afin de modifier l’héritage de l’empire ottoman et son ancienne domination sur certaines parties de la péninsule arabique.

Alors que l’ancien programme enseignait le sujet faisant référence au califat ottoman, le nouveau programme couvrira désormais «l’occupation de l’Empire, ses crimes et son l’effondrement» dans les premières années du lycée.

Les manuels saoudiens contre le régime ottoman combattront les «crimes» suivants: «Se battre avec le premier et deuxième État saoudien; soutenir certains dirigeants locaux contre le roi Abdul Aziz; détruire Diriyah et les villes environnantes; ainsi que de nombreuses parties de Zahran et d’Asir, en plus de torturer l’imam Abdullah Bin Saud, le dernier imam du premier État saoudien, et de l’assassiner après l’avoir emmené à Istanbul.»

Le programme accuse également le gouvernement ottoman d’avoir divisé les Arabes de la péninsule, en déclarant: «Les terres arabes soumises au régime administratif ottoman ont été divisées en au moins 15 États et chaque État a été administré par un gouverneur. Le régime a également cherché à imposer de nombreuses taxes sur la population et les cultures, ainsi que sur les terres, les biens et les services, en collectant de l’argent pour servir l’État ottoman et ses sultans sans laisser de revenus significatifs à ces États.»

La diffamation officielle de l’Empire par l’Arabie saoudite – ou califat, comme il est largement connu – témoigne d’un sentiment nationaliste exacerbé, ainsi que d’un fort sentiment anti-turc qui a dominé le récit du royaume ces dernières années.

Les critiques du mouvement par le ministère saoudien l’ont assimilé à la similitude du récit populaire de l’empire ottoman par le dictateur irakien déchu Saddam Hussein, exploitant un sentiment croissant de nationalisme arabe tout en contrant l’influence perçue croissante de la Turquie dans la région en attaquant et diffamant son histoire impériale.

Au cours des dernières années, les relations entre l’Arabie saoudite et la Turquie ont été de plus en plus tendues par les différends diplomatiques et par leur implication réciproque dans la guerre civile syrienne, et en particulier par le soutien de la Turquie au Qatar à la suite du blocus imposé par le royaume, United Arab Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte en 2017.

Les relations ont atteint le point de rupture avec le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, basé aux États-Unis, au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul en octobre dernier. Après des mois d’enquêtes sur l’assassinat et un rapport des Nations unies concluant que des agents saoudiens avaient tué Khashoggi sous le commandement direct du prince héritier Mohammed Bin Salman, la Turquie a demandé à plusieurs reprises que les responsables présumés soient traduits en justice.

En conséquence, le Royaume a lancé une campagne visant à encourager ses touristes à boycotter la Turquie par tous les moyens possibles, notamment l’achat de produits, la consommation d’aliments, la vente de propriétés, les relations avec des entreprises turques et notamment le tourisme dans le pays. La campagne a recueilli le soutien de la royauté et des personnalités saoudiennes, un cas célèbre étant l’influence du gouverneur de Riyadh, Faisal bin Bandar, qui a décliné une offre de café turc, ce qui a déclenché un appel au boycott des produits turcs.

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