Cela fait deux ans que la vague de violence au Myanmar a vu les réfugiés Rohingyas fuir au Bangladesh par la frontière. Il y a deux ans, il y avait régulièrement sur nos écrans de télévision des images de femmes et de jeunes enfants faisant de dangereuses traversées de rivières; maintenant, on parle à peine de leur sort difficile.
C’est une crise humanitaire, on ne peut pas le nier. Même si la gravité a peut-être diminué, les Rohingyas ne sont pas encore en sécurité. Ils risquent d’être transférés à Bhasan Char – une île de la baie du Bengale séparée du continent pendant la mousson – ou d’être rapatriés au Myanmar, où ils seraient probablement obligés de vivre dans des centres de détention. Il est de notre devoir de veiller à ce que les Rohingyas ne soient pas oubliés par le monde.
Rosena Allin-Khan, une journaliste de independent.co.uk, témoigne des histoires qu’elle a entendues lors de ses deux visites dans leurs camps de réfugiés :
Humaira, dont le jeune fils a été assassiné lorsque l’armée a pris d’assaut son village, m’a raconté qu’elle voulait se tuer mais que son désir de retrouver le corps de son fils et de l’enterrer l’a maintenue en vie. Elle vit toujours avec la douleur de ne pas pouvoir retrouver son corps et enterrer son fils. Entre-temps, Subara m’a raconté le jour où l’armée du Myanmar a arraché son bébé de ses bras et l’a poignardé à mort devant ses yeux. La culpabilité de rentrer chez moi dans mes propres enfants de trois et cinq ans, en sécurité chez eux à Londres, m’a rendu incapable de dormir la nuit. Pourquoi leurs vies auraient-elles plus de valeur pour le monde que celles des enfants Rohingya, brutalement massacrées et laissées sans enterrement digne?
Le monde musulman reste bien trop silencieux à l’égard de nos frères et soeurs massacrés, humiliés et meurtris à jamais dans leurs coeurs et dans leurs âmes, et ce pendant des générations à venir. Notre devoir est de continuer de faire connaitre au monde la vérité afin de maintenir l’espoir d’un avenir meilleur.