Lors d’un discours à Mulhouse sur le thème du « séparatisme islamiste » mardi 18 février, Emmanuel Macron a annoncé la fin progressive des imams « détachés » par les pays d’origine, un système accusé d’alimenter un « Islam consulaire ».
Emmanuel Macron avait annoncé que la France allait mettre fin à l’accueil des quelque 300 imams envoyés en France par divers pays ( Maroc, Turquie, Algérie…) et augmenter en parallèle le nombre d’imams formés en France.
C’est d’ici à 2024 que l’Hexagone compte ainsi mettre à exécution cette décision, comme l’a indiqué mercredi matin le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Il est reproché à ces théologiens d’être insuffisamment familiers du contexte culturel et social français, beaucoup n’étant pas francophones.
« La langue est un handicap, c’est sûr, mais ces religieux sont au moins solides en théologie, ce qui n’est pas le cas de nombreux imams français, bénévoles et non formés », observe le père Christian Delorme, prêtre lyonnais et bon connaisseur de l’islam.
Former des imams en France
Comment sortir de l’impasse ? Appliquée en Autriche, l’interdiction pure et simple des imams détachés a toujours semblé difficilement envisageable en France. « Leur départ créerait une carence, et on laisserait alors entrer le loup dans la bergerie : n’importe qui pourrait dire n’importe quoi ! » s’inquiète Kader Bouazza. Une telle interdiction pourrait par ailleurs se heurter à des fidèles français voyant souvent dans ces imams étrangers une « parole d’autorité ».
« Par rapport à l’Allemagne, la France est très retard sur la formation des imams », estime Samim Akgönül, directeur du département d’études turques de l’université de Strasbourg. « D’abord du fait des relations complexes entre l’État français et les institutions religieuses, mais aussi à cause de l’absence d’une organisation qui représenterait l’ensemble de l’islam en France. »