La poursuite de la normalisation arabe pendant un génocide sert les intérêts des Arabes

0
Un manifestant pro-palestinien tient une pancarte demandant "Quel effet ça fait de soutenir un génocide ?" lors de la manifestation à Aldwych, Londres, le 8 juin 2024.

De nombreux pays à travers le monde qui ont normalisé leurs relations avec Israël ont adopté des positions sur ses crimes à Gaza et ses politiques dans les territoires occupés, en exprimant leur rejet des politiques de colonisation, des agressions et des crimes de génocide à Gaza. De temps en temps, ils appellent à imposer des sanctions aux ministres comme Netanyahu, Ben-Gvir et Smotrich ainsi qu’aux dirigeants des colonies, les considérant comme représentant la ligne fasciste de l’État occupant qui se dirige vers un système d’apartheid, détruisant les bases mêmes de la paix. D’autres pays perçoivent les crimes de génocide et la politique de nettoyage ethnique qu’Israël mène contre le peuple palestinien comme une occasion de prendre une position punitive contre Israël en rompant les relations avec lui, en rappelant leurs ambassadeurs, en stoppant les fournitures d’armes, en boycottant les produits issus des colonies, en qualifiant les actions de l’Occupation de crimes de guerre et de génocide, et en rejoignant la plainte déposée contre Israël devant la Cour pénale internationale.

Depuis des décennies, de nombreux régimes arabes établissent des relations de “paix” et normalisées avec l’État occupant, certains s’étant engagés dans la normalisation ces dernières années, sous le prétexte de favoriser les chances de paix dans la région pour répondre aux aspirations du peuple palestinien. La réalité des relations d’Israël avec le monde arabe, ou avec les régimes arabes normalisés et alliés, révèle une relation de “complaisance” arabe face à la mentalité sioniste. La normalisation arabe avait pour objectif de détruire les fondements des relations inter-arabes et celles liées à la cause palestinienne, impactant ainsi l’ensemble du monde arabe.

Alors que les régimes arabes normalisés invoquent aujourd’hui des intérêts communs avec l’Occupant pour justifier la paix, les détenteurs de la cause palestinienne eux-mêmes réfutent cet argument, de la signature des Accords d’Oslo à aujourd’hui. Cela est dû à la mentalité sioniste, marquée par une arrogance narcissique et agressive envers les Palestiniens et les Arabes en général, qui sert son objectif de génocide à Gaza et d’agression croissante à Jérusalem et en Cisjordanie.

Dans ce contexte exceptionnel de continuité des relations avec un Occupant qui commet des crimes et des massacres sans cesse contre leurs frères palestiniens, se situe la relation arabe avec l’entité sioniste, après plus d’un an de génocide à Gaza. Cette “générosité” arabe envers Israël restera marquée dans l’histoire par la honte, alors que les crimes de guerre et de génocide commis par l’Occupation n’indignent ni n’ébranlent les responsables arabes. Aucune tension n’a même perturbé cette relation ; le déséquilibre favorise toujours l’Occupant, qui en retire l’impression qu’il ne sera pas puni, et qui persévère dans son agression.

Depuis au moins un an, la politique arabe fait face à cette agression d’une manière douloureuse et triste aux yeux des victimes palestiniennes. La compassion que l’entité sioniste reçoit des pays arabes normalisés, sous forme de convois d’aide alimentaire, de coordination sécuritaire pour poursuivre les attaques, décourager la Résistance et la diaboliser sous l’accusation de terrorisme, dépasse toute définition honteuse de la normalisation et même l’hypocrisie occidentale sur les droits de l’homme.

L’allié arabe de l’Occupant se montre intentionnellement impuissant, paralysé par une volonté affaiblie. Cet allié a perdu toute valeur politique, sécuritaire ou morale aux yeux de ses citoyens, qui observent avec amertume la destruction et la souffrance infligées à Gaza. Le public arabe note les positions de nombreux pays contre l’Occupation et ses dirigeants avec respect et admiration, tout en se souvenant amèrement des décisions prises lors du sommet de Riyad en novembre dernier pour lever le siège de Gaza et fournir une aide humanitaire et sanitaire. L’échec à les mettre en œuvre a renforcé le déséquilibre des relations arabo-israéliennes au profit de l’Occupation et de ses intérêts.

Quand des positions contre les crimes de l’Occupation sont exprimées par le Nicaragua, l’Écosse, l’Irlande, le Chili, la Colombie, la Norvège ou l’Espagne, pourquoi résonnent-elles plus que les positions arabes? Quand le président français, par exemple, rappelle au Premier ministre de l’Occupation que son pays a été établi par une résolution internationale, les cercles sionistes s’en indignent, tout comme lorsqu’Antonio Guterres exprime sa position sur les crimes de l’Occupation. En revanche, ces phrases disparaissent du discours des responsables arabes qui rencontrent leurs homologues occidentaux, sans rappeler que toute nation occupée a le droit de résister, que les tromperies et crimes de l’établissement sioniste sont ce qui a fait échouer les accords de paix et la solution à deux États.

L’absence de courage dans le discours arabe envers les Américains, les Occidentaux et les Israéliens s’explique par une conviction collective que les régimes fondés sur la tyrannie sont illégitimes. Sans doute, les positions justes et humaines en faveur des droits palestiniens ne se traduisent pas sur le terrain arabe, car les visiteurs occidentaux et américains repartent avec une impression prédéfinie de similitude de vues avec leurs homologues arabes, appelant toutes les parties à la modération. Cela constitue une victoire pour la mentalité sioniste, qui instrumentalise la tromperie dans ses relations officielles arabes et qui bénéficie de cette union officielle arabe avec le récit sioniste, malgré son échec constant à l’imposer au sein du public arabe.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît tapez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici