La Suisse a proposé une amende de 1000 francs suisse (1023 euros) pour toute personne se couvrant le visage en vertu d’une nouvelle loi qui criminalise le niqab.
Le projet de loi a été envoyé aujourd’hui au parlement par le gouvernement suisse et comprend plusieurs exemptions, notamment en suggérant de lever l’interdiction des avions, dans les locaux diplomatiques et les lieux de culte.
De plus, en vertu du projet de loi, les masques jugés nécessaires pour se protéger dans l’exercice des droits fondamentaux d’expression et de réunion seraient autorisés tant que les autorités l’approuveraient et que l’ordre public serait assuré.
Dans un communiqué, le cabinet a déclaré: « L’interdiction de se couvrir les visages vise à assurer la sécurité et l’ordre publics. La punition n’est pas la priorité. »
L’année dernière, les électeurs suisses ont soutenu de justesse une proposition visant à interdire les couvertures faciales complètes dans les lieux publics malgré la présence de pratiquement aucun niqabis dans le pays.
L’interdiction a été poussée par le Parti populaire suisse. L’un de ses parlementaires, Jean-Luc Addor, a affirmé que l’interdiction favoriserait l’égalité entre les hommes et les femmes et aiderait à lutter contre la radicalisation islamique.
Le Conseil central islamique de Suisse a déclaré que le vote prouvait que l’islamophobie avait augmenté en Suisse depuis l’interdiction des minarets en 2009. Il s’est également engagé à payer toute amende pour ceux qui choisissent de porter le niqab au nom de la liberté religieuse.
Dans une déclaration l’année dernière, il a déclaré: « La décision d’aujourd’hui ouvre de vieilles blessures, élargit encore le principe de l’inégalité juridique et envoie un signal clair d’exclusion à la minorité musulmane. Le résultat n’est pas une surprise. Aussi crédible et compétent que le Conseil fédéral a mené la campagne référendaire, il a négligé le phénomène de « radicalisation de l’islamophobie » dans la société.
« Depuis 2015, elle se contente de lutter de plus en plus contre les tendances à la radicalisation chez les musulmans sans tenir compte du caractère interdépendant de la « radicalisation islamophobe ». De nombreuses études et productions journalistiques ont depuis longtemps prouvé que chez les sympathisants français de l’Etat islamique en particulier, le sentiment de discrimination, entre autres dans le sillage de l’interdiction du niqab, avait contribué à leur radicalisation.
«En Suisse aussi, l’interdiction ne contribuera guère à affaiblir les tendances à la radicalisation – que ce soit dans les milieux musulmans ou de la part des nationalistes de droite. Au contraire, il faut s’attendre à ce que ce nouveau succès renforce le Comité d’Egerkingen (qui a lancé l’initiative anti-burqa). Le conseil exécutif du comité a déjà annoncé de nouvelles attaques contre la minorité musulmane et son libre exercice de la religion. »