Après des semaines de crise, les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM) ont annoncé, samedi 16 janvier, avoir trouvé un accord sur une « charte des principes » de l’islam de France, qui réaffirme notamment l’égalité hommes-femmes, la « compatibilité » de la foi musulmane avec la République et insiste sur « le rejet de l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques » et la « non-ingérence » des Etats étrangers, a détaillé le président du Conseil français du culture musulman, Mohammed Moussaoui, dans un communiqué.
Cette charte, à l’origine d’une crise au sein du CFCM, a été présentée au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors d’une réunion à Beauvau, avec les responsables des trois principaux courants de l’organisation.
« Labellisation des imams »
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, à qui les trois dirigeants du CFCM ont présenté cette charte samedi à Beauvau, a salué « une avancée très significative » et la marque d’un engagement contre « l’islam politique », selon des déclarations transmises à l’AFP.
Ce texte, qui scelle également « le rejet de certaines pratiques coutumières prétendument musulmanes », doit être validé, peut-être dès dimanche, par l’ensemble des fédérations du CFCM avant d’être présenté au président Emmanuel Macron.
Cette étape permettra de lancer la prochaine mise en place d’un Conseil national des imams (CNI), qui sera chargé de « labelliser » les imams exerçant en France et pourra leur retirer leur agrément notamment en cas de manquement à la charte.
Retrait de la Grande Mosquée de Paris
Dans un communiqué officiel, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, annonce son retrait « irrévocable » du projet de création du Conseil national des imams voulu par Emmanuel Macron et dénonce « de viles manipulations » venant de « la composante islamiste au sein du CFCM ».
« J’ai décidé de ne plus participer aux réunions qui visent à mettre en oeuvre le projet du Conseil national des imams et de geler tous les contacts avec l’ensemble de la composante islamiste du Conseil français du culte musulman », poursuit le recteur de la Grande mosquée de Paris.
Chems-eddine Hafiz accuse « la composante islamiste au sein du CFCM, notamment celle liée à des régimes étrangers hostiles à la France » d’avoir « insidieusement bloqué les négociations » sur la charte en « remettant en cause presque systématiquement certains passages importants ». Pour le recteur, il s’agit d’une nouvelle tentative de « saborder toutes les initiatives qui visent à créer des rapprochements salutaires entre les musulmans de France et la communauté nationale ». Il dénonce encore ces « cercles malveillants » souhaitant, selon lui, transformer l’islam, « une religion paisible en idéologie de combat ».
Selon Chems-eddine Hafiz, des membres de mouvance islamiste auraient critiqué la charte, en assurant qu’elle allait « toucher à la dignité des fidèles musulmans ». « J’estime que la représentation des musulmans mérite autre chose que des agissements douteux entourés d’actions qui cherchent à diviser la communauté nationale et à séparer les Français de confession musulmane de leur société », insiste-t-il.