Khader Adnan, un père de neuf enfants âgé de 44 ans et originaire de la ville occupée de Jénine, en Cisjordanie, a été retrouvé inconscient dans sa cellule aux premières heures de mardi après une grève de la faim de 87 jours.
Il a été transféré du centre de détention à sécurité maximale de la ville de Ramle, dans le centre d’Israël, vers un hôpital local, où il a été déclaré mort.
En 2015, dans son film « Derrière les Fronts », Alexandra Dols interviewait Khader Adnan. Il en était à sa 10ème arrestation et à sa troisième grève de la faim.
Khader Adnan était boulanger à Arrabeh près de Jénine et son père travaillait sur les marchés.
Dans cette interview, Khader Adnan expliquait ce qu’est la détention administrative.
L’internement administratif, hérité de l’occupation britannique, permet une détention arbitraire sans délit défini, sans procès, sans avocat, sans limite de temps (i.e. renouvelable autant de fois que l’occupant le décide) et sans jugement.
Les Israéliens l’ont récupéré de l’arsenal répressif du colonialisme britannique qui, dans la Palestine mandataire, a été utilisé contre Juifs et Arabes.
Des centaines de Palestiniens sont en détention administrative. Leur seule arme : la grève de la faim.
Avant d’être expulsé de son pays, Salah Hamouri était en détention administrative et avait fait une grève de la faim.
Khader Adnan avait utilisé cette arme au moins à trois reprises et avait fait céder ses geôliers qui avaient fini par le libérer.
Cette fois-ci, il n’a pas survécu. Il est mort au bout de 88 jours, les Israéliens ayant refusé de le libérer pour le faire hospitaliser. Comme l’Irlandais Bobby Sands dont il portait la mémoire, mort en 1981 après 66 jours de grève de la faim.
Dans un communiqué, le Jihad islamique a déclaré : « Notre combat se poursuit et l’ennemi réalisera une fois de plus que ses crimes ne passeront pas sans réponse ». Peu de temps après l’annonce de la mort du gréviste de la faim, trois roquettes et un obus de mortier ont été tirés vers le sud d’Israël depuis Gaza, a indiqué l’armée israélienne. Les projectiles ont déclenché des sirènes de raid aérien dans les communautés israéliennes près de la frontière avec Gaza, mais sont tombés dans des zones dégagées. »
Plusieurs factions palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie ont déclaré une grève générale.
Le journal israélien Haaretz a rapporté que les prisons israéliennes étaient en alerte maximale en cas d’émeutes.