L’enclave espagnole en territoire marocain, Ceuta (Sebta) est devenue au fil des années une zone très prisée des contrebandiers grâce à son statut de zone franche. Un passage entre l’Europe et l’Afrique dont le transport des marchandises se fait à dos de femme.

Les «femmes-mulets» se comptent par dizaine de milliers, des marocaines qui ont voué leur vie à la contrebande d’articles en tout genre pour le compte de commerçants espagnols de Ceuta et marocains de Tanger ou de Tétouan dans le nord du Maroc.
Les «femmes-mulets» passent chaque jour la frontière en portant sur leur dos des cabas pesant jusqu’à 70 kilos, leur moyenne d’âge se situe entre 40 et 50 ans. Elles sont préférées aux jeunes garçons ou aux hommes qui peuvent être soupçonnés de transporter des armes ou de la drogue.

Elles sont payées en moyenne 5 euros le trajet par les commerçants et sont sommées de faire le plus de traversées avec le plus de marchandises possibles.
Le dos courbé sous des kilos de produits qui iront remplir les échoppes des souks marocains, elles travaillent dur pour nourrir leur famille. Mais la fatigue et la chaleur ne sont pas leurs plus gros soucis, elles sont constamment soumises aux fouilles des Gardes civils espagnols. Elles sont parfois laissées durant des heures sous le soleil dans l’attente du bon vouloir des douaniers.
Une humiliation au quotidien dont le point d’orgue est le harcèlement sexuel dont sont victimes certaines d’entre elles, rapporte l’Association des droits de l’homme de l’Andalousie (APDHA).

L’association vient de publier un rapport compromettant les agents de la Garde civile espagnole accusés de « mauvais traitement », d’ «humiliation» et d’ «abus» allant jusqu’au « harcèlement sexuel » des passeuses marocaines.
Le rapport illustré par plusieurs photos donne un aperçu des conditions inhumaines auxquelles sont confrontées ces femmes. Il s’appuie notamment sur de nombreux témoignages des victimes qui relatent leur calvaire lors de chaque passage entre les frontières espagnoles et marocaines.
Pour ces milliers de marocaines, cette contrebande représente leur seule source de revenus et malgré le harcèlement et les humiliations, elles n’ont aucun recours pour dénoncer l’attitude malsaine et le comportement dégradant de certains gardes civils.

Les représentants syndicaux de la police espagnole ont menacé de saisir la justice suite à la publication du rapport.

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