Les larmes aux yeux, un étudiant de la minorité musulmane ouïghoure, résidant en Arabie saoudite, a tenu son passeport chinois expiré il y a longtemps, lui faisant face à un sort mystérieux, avec le rapprochement croissant entre l’Arabie saoudite et Pékin.
Le consulat chinois dans le Royaume a suspendu le renouvellement des passeports de la minorité ethnique musulmane pendant plus de deux ans, dans une procédure que les militants ont décrite comme une tactique de pression que Pékin pratique dans plusieurs pays pour obliger les expatriés ouïghours à retourner dans leur pays d’origine.
Environ six familles ouïghoures en Arabie saoudite ont présenté leur passeport, dont certains étaient expirés, et ils ont tous confirmé qu’ils avaient peur de retourner en Chine, où plus d’un million d’Ouïghours seraient détenus dans des camps de concentration.
«Même les animaux d’autres pays sont autorisés à obtenir un passeport», a déclaré avec tristesse un étudiant de 30 ans en religion à Médine, dont le passeport a expiré en 2018.
Il a ajouté: «Soit ils renouvellent mon passeport, soit ils me permettent de renoncer à ma nationalité. Ils nous font sentir comme des êtres humains sans valeur. »
Cette communauté musulmane chinoise est confrontée à un choix impossible entre retourner chez elle et faire face au risque d’être arrêtée, ou de séjourner illégalement en Arabie saoudite et face à une peur constante de l’expulsion.
« Le refus de renouveler les passeports fait partie de la stratégie de la Chine pour se débarrasser des expatriés ouïghours, les forçant à retourner en Chine », a déclaré Abdulwali Ayoub, un spécialiste de la langue ouïghoure vivant en Norvège.
Il a souligné que «la détention est le sort qui attend les Ouïghours de l’autre côté (en Chine)».
«Au cours des deux prochaines années, nous nous attendons à ce que davantage d’Ouïghours deviennent apatrides.»
Abdulwali Ayoub a confirmé que cinq cas ont été expulsés d’Arabie saoudite depuis 2017. D’autres militants ouïghours disent que le nombre est plus élevé. Des informations similaires ont été signalées en Égypte et en Thaïlande.
