Les pays arabes doivent cesser d’apaiser un Israël violent et expansionniste

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Le ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, s'exprime lors d'une conférence à la mer Morte le 11 juin 2024.

Dans une vidéo TikTok publiée plus tôt cette année sur son compte officiel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a offert une visite de son bureau à un groupe d’enfants orphelins de soldats israéliens. Lors de cette visite, il a montré une image du complexe de la mosquée Al-Aqsa, mais la mosquée avait été retirée, remplacée par une représentation du Troisième Temple.

C’est une image que Benjamin Netanyahu regarde tous les jours lorsqu’il est au travail. Elle influence la conscience et les processus de décision d’un dirigeant qui nourrit l’ambition d’étendre le territoire israélien par l’annexion ou le contrôle accru de la Cisjordanie occupée et de Gaza, coupant ainsi toute possibilité de création d’un État palestinien.

Il était donc intéressant d’entendre la semaine dernière le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, affirmer avec force que 57 pays arabes et musulmans étaient prêts à garantir la sécurité d’Israël en échange de la création d’un État palestinien, malgré le génocide en cours à Gaza et le bombardement du Liban.

En plus de la question palestinienne, Israël a causé d’énormes dégâts dans la région, y compris dans les pays ayant normalisé leurs relations avec Tel Aviv, fomentant des troubles au sein de l’opinion publique.

On ne peut ignorer le mépris du monde arabe pour le discours politique en Israël, ainsi que pour les changements sociaux et démographiques qu’a connus le pays au cours des trois dernières décennies.

Durant cette période, la droite israélienne, dirigée par Benjamin Netanyahu, a réussi à imposer le ton politique après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, dont la mort après les accords d’Oslo a révélé les dangers auxquels s’expose tout dirigeant cherchant à promouvoir un processus de paix.

Cette mentalité s’est intensifiée au fil des ans, créant un consensus selon lequel il ne peut y avoir de compromis sur les grandes colonies, Jérusalem appartient à Israël et il n’y a pas de droit au retour pour les réfugiés palestiniens. Même les opposants laïcs de la droite religieuse n’osent pas remettre en question ces idées.

Pourtant, malgré la croissance des colonies israéliennes, le nombre record de raids sur la mosquée Al-Aqsa et l’absence totale de perspectives politiques, les pays arabes continuent de normaliser leurs relations avec Israël. Cela pourrait en partie s’expliquer par la croyance que de meilleures relations leur donneraient plus de poids pour pousser Israël à établir un État palestinien.

En réalité, c’est l’inverse qui se produit. Benjamin Netanyahu se vante d’avoir réussi à faire avancer la normalisation avec les pays arabes tout en ignorant la question palestinienne.

De plus, il existe une conviction profondément ancrée dans la culture politique israélienne selon laquelle les Arabes ne comprennent que la force. Ainsi, bien que les propos de Ayman Safadi la semaine dernière aient exprimé la gravité de la situation et l’importance de stabiliser la région, Israël continue de se voir comme une « villa » – ou peut-être une forteresse – « au milieu d’une jungle ».

Les structures politiques et sociales israéliennes soutiennent ces idées, y compris une mobilisation médiatique qui promeut un discours de droite, dans une société qui parle principalement l’hébreu et qui n’est pas largement exposée à des sources d’information alternatives. Les sentiments publics influencent les schémas de vote et la prise de décision officielle.

L’éthos sioniste estime qu’il est nécessaire de vivre par l’épée, et que les Arabes sont fondamentalement « l’Autre ». Un bon exemple en est l’Autorité palestinienne, qui a coordonné la sécurité avec Israël pendant des décennies, même si le gouvernement israélien travaille sans relâche à l’affaiblir.

Contrairement aux déclarations de Benjamin Netanyahu, Israël sait que sa situation sécuritaire est directement liée à ses propres actions violentes et à l’ampleur de ses crimes. Il ne fait face à aucune menace existentielle.

Il sait également que les pays arabes voisins le défendront en cas de besoin, conformément aux demandes américaines, comme cela s’est produit lors du premier tir de missiles iraniens en avril et du second cette semaine.

Et tout cela se déroule alors qu’Israël est dirigé par Benjamin Netanyahu, largement perçu comme un leader machiavélique prêt à tout pour rester au pouvoir.

Avec de grandes ambitions, Benjamin Netanyahu exploite le conflit actuel pour frapper sans relâche quatre régions arabes – les territoires palestiniens occupés, le Liban, la Syrie et le Yémen – tout en trompant le monde arabe avec des promesses de cessez-le-feu, alors qu’aucun plan en ce sens n’est sur la table.

Bien que Ayman Safadi ait proposé un accord pour garantir la sécurité d’Israël, Tel Aviv ne cessera pas de semer le chaos dans toute la région à moins que les États arabes ne prennent des mesures concrètes pour faire pression, telles que le rappel des ambassadeurs, la rupture des relations diplomatiques et la définition de lignes rouges claires. Face à un leadership hyper-nationaliste et mégalomaniaque, la dernière chose à laquelle Israël pense est la stabilité des pays arabes voisins.

Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Abed Abou Shhadeh est un activiste politique basé à Jaffa. Il a été représentant au conseil municipal de la communauté palestinienne de Jaffa-Tel Aviv de 2018 à 2024 et détient un master en sciences politiques de l’université de Tel Aviv.

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