Le 8 avril dernier, Mohamed Gabsi, 33 ans, est décédé suite à son interpellation par trois policiers de la ville de Béziers. Sa mort est la conséquence d’une asphyxie provoquée par « un appui maintenu avec une force certaine » par les forces de l’ordre.
C’est lors d’un contrôle lié aux mesures de confinement que le drame s’est noué. Trois policiers ont alors interpelé violemment Mohamed Gabsi. Menotté, plaqué au sol sur le ventre pendant de longues minutes, il a ensuite été embarqué dans un véhicule avec un policier assis sur lui. À son arrivée au commissariat, Mohamed était mort. Les secours arrivés sur place n’ont pu le réanimer.
Pour la sœur de Mohamed Gabsi, il est mort asphyxié comme George Floyd
Pour Houda Gabsi, la sœur de la victime, son frère est mort dans les mêmes circonstances que George Floyd :
«Le rapport d’autopsie de mon frère évoque une compression cervicale, prolongée et appuyée, une fracture de la thyroïde et un syndrome asphyxique. Comme George Floyd, il était plaqué à terre, menotté, et il n’arrivait plus à respirer. Il est mort dans les mêmes conditions.»
De leur côté, les policiers municipaux ont expliqué que Mohamed Gabsi était très agité et qu’ils ont dû appelé des renforts. C’est une fois le jeune homme maîtrisé qu’ils l’ont embarqué direction le commissariat.
Après avoir examiné le corps, les médecins légistes ont relevé des éléments témoignant «d’un appui maintenu appliqué avec une force certaine en région cervicale» évoquant «l’application d’une surface plutôt large (genou, coude, poing…)». Et le traumatisme provoqué par cet appui prolongé semble «avoir certainement participé au décès» en provoquant un «syndrome asphyxique».
Luc Abratkiewicz, l’avocat des trois policiers, accuse cette affaire d’être «instrumentalisée» en raison du contexte actuel. Il a déclaré :
«Personne n’est dupe de cette manœuvre. D’autant que se prépare à Béziers une manifestation qui vise à dénoncer les violences policières dans les affaires Floyd, Traoré et Gabsi.»
Mais pour Jean-Marc Darrigade, conseil de Houda Gabsi, ce n’est pas le cas :
«Deux mois après le drame, je n’ai toujours pas accès au dossier. Ce choix de la juge d’instruction est difficile à comprendre et donne l’impression qu’on veut cacher des choses.» Une information judiciaire pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et pour «non-assistance à personne en péril» est ouverte depuis le 11 avril.
Présenté par certains comme un SDF sous l’emprise de drogues, Mohamed Gabsi voit sa réputation salie depuis des semaines. Sa sœur s’interroge :
“On l’a présenté comme un drogué, un SDF, un voleur. Mais est-ce une raison pour être tué ?”